Par david Xoual

Jusqu’au 27 août, le Petit Palais fait revivre l’unique et la mythique Sarah Bernhardt à travers une exposition passionnante. L’occasion de revenir sur la carrière de la première star internationale qui a conquis le cœur de Victor Hugo et compagnie…Elle était « la voix d’or » pour l’auteur des Misérables, le « monstre sacré » pour Cocteau qui inventa l’expression ultime, la seule à pouvoir résumer la carrière XXL et world wide de Sarah Bernhardt, la reine des planches qui transforma à jamais le métier au cours du XIXème siècle. Et pourtant, c’était mal barré avec une mère et une tante, toutes deux courtisanes, qui l’embarquent dans le monde des demi-mondaines. Nous sommes à la fin des années 1850. Le minois et le caractère bien trempé de Sarah tape dans l’œil du duc de Morny, demi-frère de Napoléon III. Le duc a la bonne idée de l’introduire au Conservatoire où elle fait ses gammes avant un premier succès au théâtre de l’Odéon lorsqu’elle interprète un travelo dans Le Passant de François Coppé. C’est en 1872 qu’elle révèle toute son aura en jouant la reine dans Ruy Blas de Victor Hugo. La légende est en marche. Elle démissionne de la Comédie-Française, sublime les classiques de Shakespeare à Racine, émeut Oscar Wilde, Anton Tchékhov et consort. La Divine comme on l’appelle désormais se produit sur les cinq continents, fait salles combles à New York, Melbourne alors qu’elle joue exclusivement en français. Impensable aujourd’hui. Mais pourquoi elle, et pas une autre ? Il y a ses frasques et son jeu unique, surjoué et pourtant empreint d’une empathie inégalable. En parallèle de sa carrière, Sarah Bernhardt n’oublie pas d’où elle vient, en l’occurrence du ruisseau, et n’hésite pas à se rendre sur le front pour soutenir les Poilus de la Grande Guerre : « J’aurais voulu mourir là, au milieu d’eux, si fraternels, si héroïques, si gais, si joyeusement, si simplement Français ! Non, il n’y a pas de théâtre somptueux, de publics de rois, de milliardaires, d’altesses et de grandes dames, qui vaillent ce public de soldats de France ». Comme les éclopés de la guerre, Sarah Bernhardt a été amputée d’une jambe à la suite d’une tuberculose osseuse. Elle joue désormais assis, refuse d’avoir une prothèse, le public admire sa détermination, l’aime comme leur petite fille ou une grand-mère, elle sera la Mère La Chaise. C’est drôle, biscornu et touchant comme l’était Sarah Bernhardt… 

Sarah Bernhardt. Et la femme créa la star. Le Petit Palais. Jusqu’au 27 août.