Par Jonathan Baudoin
Quand il est question des quartiers populaires, il est coutumier de les regarder sous les angles des difficultés économiques et sociales, de la criminalité, sans donner la voix aux habitants. C’est en réponse à cette représentation générale que Patrick Bikoi a lancé l’association Mon Quartier Bouge, dans le 19e arrondissement de Paris. Dans cet entretien accordé à Feat-Y, il martèle l’objectif de mettre en lumière des projets, des initiatives économiques, culturelles à travers son association, qui a lancé une campagne de financement participatif. Interview.
Feat-Y : Qu’est-ce qui vous a poussé à fonder l’association Mon Quartier Bouge ?
Patrick Bikoi : J’étais en train de monter un projet audiovisuel autour du foot, avec un ami du quartier, quand j’ai assisté à une réunion dans le centre d’animation du quartier Curial-Cambrai, dans le 19e arrondissement, où Paris Habitat proposait à des associations locales d’animer le quartier lors d’un évènement qui a eu lieu sur plusieurs semaines. On s’est montré intéressé et Paris Habitat nous a répondu qu’il fallait s’organiser en association pour pouvoir répondre à l’appel à projet. Par conséquent, on a créé l’association, soumis nos projets et on a été retenu parmi d’autres associations pour faire partie de l’aventure.
Feat-Y : Quels sont les objectifs de l’association ? Quels types d’événements sont organisés par Mon Quartier Bouge ?
P.B : Notre but premier est de rassembler, créer du lien autour de la musique, du sport, de la création audiovisuelle, de la culture en général. Ensuite, le but est de valoriser les quartiers populaires, les habitants.
Ce qu’on propose, c’est la mise en avant de la population des quartiers. Par exemple, on met en avant une personne qui a monté un business, qui a peut-être du mal à communiquer. À travers la photo, la vidéo, on les aide sur les projets de communication pour les mettre en avant.
Feat-Y : La culture, le sport, l’art sont-ils des vecteurs d’amélioration sociale dans la vie des quartiers, selon vous ?
P.B : Je pense que oui. Mais pas uniquement cela.
Feat-Y : Vous allez lancer une campagne de financement participatif et une campagne d’adhésion dans les prochains jours. Quel montant espérez-vous obtenir et à quoi va-t-il servir ?
P.B : Sachant que je débute dans le milieu associatif, qui est pour moi un monde à part. Je viens du monde de l’entreprise. J’ai monté plein d’entreprises. Le milieu associatif est encore, pour moi, un monde très opaque. Je n’espère pas grand-chose au niveau du montant de la campagne de financement participatif cela dit, nous proposeront des projets qui parleront au plus grand nombre et qui j’espère attireront quelques financements sans prétendre atteindre des sommes folles. Aujourd’hui, nous avons quelques adhérents et c’est un très bon début pour une association qui aura bientôt un an d’existence. Il faut promouvoir son association. Je ne compte pas tellement sur la campagne, mais davantage sur l’entraide entre associations, la communication et également sur les aides locales en proposant des projets lors des appels pour faire des choses avec les jeunes.
On a quelques projets en cours et d’autres que nous mettons en place de manière ponctuelle grâce à des partenaires adhérents. Par exemple : nous proposons à nos adhérents des sorties (concert, événements sportifs, …) avec des tarifs préférentiels.
Feat-Y : Avez-vous développé des partenariats depuis la fondation de Mon Quartier Bouge ?
P.B : Tout à fait. Cela a été très simple puisque, de base, je suis né dans le 19e. J’ai grandi avec plusieurs associations locales. Mes premiers voyages se sont faits avec des associations locales, dont les présidents ou certains membres sont des personnes que je connais depuis très longtemps. Je les ai sollicitées. Sur nos premiers projets, on a été en relation avec des associations de quartier. Cela s’est très bien passé. C’est là que j’ai vu qu’il y a une synergie entre les associations locales. Tout le monde se connait. Tout le monde travaille main dans la main. Cela nous a facilité beaucoup de choses.
Feat-Y : Peut-on dire que MQB cherche à faire entendre auprès d’un large public des voix des quartiers populaires rendues peu audibles ?
P.B : Cela est sûr et certain. C’est ce qu’on essaie de faire aujourd’hui. Donner la parole à ceux qui en ont le moins, qu’on attend le moins.