Par David Xoual

En 2008 sortait sur nos écrans le nanard Babylon A.D. réalisé par Mathieu Kassovitz. Adaptation

brinquebalante du roman de Maurice Dantec, le film est un échec tant sur le plan commercial qu’artistique. Un naufrage devenu culte qu’il est possible d’admirer depuis les coulisses avec le making of interdit Fucking Kassovitz disponible sur Youtube. Un chef d’œuvre…
Après avoir mis à genoux La Croisette avec La Haine, Kassovitz a l’embarras du choix. Alors quand la Fox lui propose d’adapter le roman punk SF de Dantec, il ne peut qu’accepter. Budget XXL, Vin Diesel sur l’affiche, Hollywood… Le Frenchy y croit. Pas très longtemps. Véritable OVNI, le making of du film réalisé par François Régis Jeanne est à la fois une ode au cinéma, ses petites mains et une satire des hommes en costume des studios hollywoodiens. Une plongée en caméra DV où l’idéalisme d’un cinéaste se confronte au pragmatisme des amerloques. Kassovitz multiplie les fuck sous le regard hébété des producteurs. Entre deux scènes, le réalisateur se triture les méninges tandis que Vin Diesel fait sa tête à claque. La fin est proche. Mais, le Français a la peau dure. Entouré de ses acolytes comme Alain Figlarz – le spécialiste des scènes de combat -, Kassovitz alterne entre touche d’espoir et dépression. Le metteur en scène maigrit à vue d’œil, le budget aussi. Des financiers arrivent de Los Angeles avec un réalisateur en back up dans leurs valises. Ce dernier tourne des scènes réécrites par Vin Diesel. Kassovitz n’en revient pas. Se marre, s’énerve. Plus que le portrait d’un petit con talentueux, Fucking Kassovitz raconte comme aucun autre documentaire la lente et complexe genèse d’un film. Un boulot d’artisans et de passionnés financé par des banquiers et des communicants.

Fucking Kassovitz, François Régis Jeanne