59ème Biennale de Venise. Pour cette nouvelle édition, la Sérénissime se conjugue au féminin avec une majorité d’artistes femmes. Une grande première alors que l’événement fête ses 127 ans (il n’est jamais trop tard pour bien faire). Parmi elles, la plasticienne américaine Simone Leigh, lauréate du Lion d’or pour la meilleure artiste de la biennale…
Simone Leigh est la première afro-américaine à représenter les Etats-Unis à la biennale de Venise. Il était temps pour cette artiste protéiforme qui nous interroge et nous interpelle sur la place des minorités et des femmes noires dans notre société. Cela fait déjà plusieurs décennies que Simone Leigh déploie son « art auto-ethnographique » à travers des sculptures fédérant à la fois l’Afrique, le féminisme et la question raciale. A New York, le buste XXL (5 mètres de hauteur) d’une femme noire baptisée Brick House envoûte et questionne les passants de la 10ème Avenue de Manhattan. Chez Leigh, la sculpture se veut performative, vivante à l’image du choix des matières et des formes : le raphia très utilisé au Congo et au Gabon habille ses créations, le bronze que l’on retrouve dans les Arts décoratifs est omniprésent… Une « créolisation des formes » pour mieux traverser les époques, faire rencontrer les continents… Un ensemble de passerelles entre le passé et le présent, le Nord et le Sud. Chez Leigh, il est aussi question de l’invisibilité et de la stéréotypisation de la femme noire, celles des petits boulots, des métros matinaux, qui relèvent enfin la tête et affirment leur puissance. Ici, les lèvres charnues, les cheveux crépus, autrefois stigmatisés, retrouvent leurs attributs de noblesse et leur dignité.
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Crédit photo: biennale.org