Et si les parents se montraient éco-responsables, éthiques, en ouvrant des comptes épargnes œuvrant dans ce sens pour leurs enfants ? Face à cette question, la société Goodvest entend bien y répondre en proposant une assurance-vie pour les enfants. Son fondateur, Joseph Choueifaty, a expliqué auprès de Feat-Y l’origine de cette proposition et la philosophie éco-responsable qui en découle, arguant que les enfants feront davantage face aux conséquences du changement climatique. Interview.
Feat-Y : Pourquoi proposez-vous un compte épargne pour les enfants ? Comment l’idée vous est venue ?
Joseph Choueifaty : On propose un compte épargne pour les enfants pour deux raisons. La première, c’est qu’on entend de plus en plus parler de l’inflation. Les derniers chiffres donnent un taux d’inflation à 4,5% à fin mars. C’est considérable. Aujourd’hui, les parents ont souvent le réflexe d’ouvrir un livret d’épargne pour leurs enfants. Mais le problème est que ces livrets d’épargne, en dépit de la hausse de la rémunération du livret A, désormais à 1%, ne couvrent pas l’inflation : il y a un écart de 3,5 points entre le taux d’inflation et le taux du livret A. Ce qui conduit à une perte de pouvoir d’achat de 3,5 points par an. Et les placements pour les enfants sont généralement pensés pour être à court terme. Or, les parents ont le réflexe d’ouvrir un livret à la naissance de leur enfant, dans l’idée que ce livret ne va pas être touché avant la majorité de l’enfant ou la fin de ses études. On parle donc de 18 ans ou plus. Et ces 18 ans vont entraîner une perte énorme de pouvoir d’achat.
La deuxième raison, c’est que les livrets sont assez opaques et ont des conséquences sur l’environnement. Une partie des livrets est utilisée par les banques pour financer des projets peu éthiques et très polluants, comme les énergies fossiles. On a donc voulu apporter une solution via notre assurance-vie, mais pour mineurs cette fois. Cette assurance-vie rémunère plus que les livrets et protège donc mieux de l’inflation. Surtout, elle permet d’investir dans des entreprises qui sont compatibles avec l’accord de Paris (conclu lors de la COP21), en excluant les secteurs néfastes comme les énergies fossiles, le tabac, l’armement, le divertissement pour adultes, les entreprises qui violent le Pacte des Nations unies. On apporte une vraie transparence. Ça fait totalement sens pour les enfants parce qu’avec leur épargne, ils construisent le monde de demain, et ce sont eux qui vont le plus subir les conséquences du réchauffement climatique. C’est un non-sens d’investir dans des livrets pour les enfants, il fallait donc proposer une solution alternative.
On avait l’idée en tête depuis pas mal de temps. Et surtout, on avait une très forte demande. Plusieurs de nos clients avaient ouvert des contrats d’assurance-vie pour leurs enfants, alors que ce n’était pas des contrats pour mineurs. Ce n’était donc pas l’enfant qui était titulaire du contrat, il devenait uniquement bénéficiaire en cas de décès. On s’est dit que c’était le deuxième produit à lancer.
Feat-Y : Quelles conditions les parents doivent remplir pour ouvrir un compte chez vous pour leurs enfants ?
J.C : Il y a peu de conditions, car on a voulu rendre le produit accessible au plus grand nombre. Le minimum d’investissement est de 300 euros. Il faut, néanmoins, que les deux parents, ou les deux représentants légaux, signent le contrat à l’ouverture et si l’enfant a plus de 12 ans, il faut également qu’il donne son accord et qu’il signe. Tout cela se fait par signature électronique, donc c’est très simple et rapide. Enfin, il faut être résident fiscal français ou être Français vivant dans un des pays de l’Union européenne (voir la liste sur notre site).
Feat-Y : Sur votre site, vous indiquez que l’enfant pour qui ses parents a ouvert un compte épargne chez Goodvest pourra disposer de ce compte à sa majorité, ou plus tard (25 ans maximum). À ce moment-là, ce compte deviendra totalement équivalent aux autres produits financiers existant chez Goodvest ou y aura-t-il des différences, comme s’il était un livret jeune dans une banque « traditionnelle » ?
J.C : Non. C’est vraiment un contrat d’assurance-vie. À la majorité de l’enfant, ou bien à l’âge de 25 ans s’il y a des garde-fous qui ont été mis en place, le contrat devient un contrat d’assurance-vie classique. Il aura donc les mêmes caractéristiques qu’un contrat d’assurance-vie Goodvie, qu’on propose chez Goodvest depuis le lancement.
Feat-Y : Est-ce que le taux d’intérêt sur ce compte sera encore plus rémunérateur qu’un compte classique, destiné aux adultes ?
J.C : La rémunération est la même que pour un compte classique. On a conçu un algorithme qui crée un portefeuille sur mesure, en fonction des besoins de l’enfant, de la situation familiale des parents, etc. Mais il n’y a pas de différence avec un contrat adulte au niveau de la rémunération. Certains contrats adultes peuvent être mieux rémunérés parce que ces adultes souhaitent prendre plus de risques ; tout comme certains contrats enfants peuvent être mieux rémunérés que le portefeuille sécurisé d’un adulte.
Feat-Y : En raison de la spirale inflationniste de ces derniers mois, avez-vous revu vos taux d’intérêt à la hausse, afin de pouvoir convaincre de futurs épargnants de rejoindre Goodvest ?
J.C : Chez Goodvest, on ne décide pas des taux de rendement (même si on peut choisir son profil de risque). Ces taux dépendent de l’évolution des marchés. La spirale inflationniste des derniers mois a automatiquement eu un impact, notamment sur les obligations. Quand le taux monte, la valorisation des obligations baisse. Mais c’est une phase de court terme. Sur le long terme, la hausse des taux va augmenter la rémunération des obligations, ce qui permettra de faire face à l’inflation, surtout si celle-ci persiste. Et, toujours sur le court-terme, il y a eu la guerre en Ukraine. On ne va pas se cacher que cette guerre a fait beaucoup augmenter le prix des matières premières. Et par rapport à d’autres placements qui sont exposés aux énergies fossiles, Goodvest a moins bénéficié de la reprise du marché des énergies fossiles. Cependant, sur le long terme, on est convaincu que les entreprises dans les énergies renouvelables, compatibles avec l’accord de Paris, délivreront plus de performance. La conjoncture actuelle ne va pas durer, elle est liée à la situation géopolitique en Ukraine.
Feat-Y : Prévoyez-vous, à l’avenir, le lancement d’autres produits financiers afin de convaincre des épargnants de sécuriser leur argent et de financer encore plus une économie durable ?
J.C : On a plusieurs projets dans les cartons. On espère lancer un nouveau produit d’ici la fin de l’année, donc on est en plein appel d’offres, et on est en discussion avec nos partenaires, notamment notre assureur Generali, et d’autres assureurs.
Propos recueillis par Jonathan Baudoin