Pierric Bailly n’a pas encore 40 ans et déjà une belle carrière d’écrivain avec des romans tels que L’homme des bois en 2017 qui revenait sur la vie de son père, mi baba cool mi marginal retrouvé mort dans une forêt du Jura alors qu’il était parti aux champignons. Avec Le roman de Jim, l’auteur nous prend aux tripes et par la main pour une promenade au pays de la paternité et de la précarité…

Il y a du Nicolas Mathieu chez Pierric Bailly. On y parle des laissés pour compte de la start-up nation, des gens d’à-côté, des transfuges ou non de classe… En somme, le grand roman régional sauce jurassienne quand son collègue nous parle de la Lorraine. En 2021, Bailly faisait une nouvelle fois mouche avec son mélo teinté de roman social sur fond de thriller : Le roman de Jim. Soit l’histoire d’Aymeric, un petit gars du Jura vivant en intérim qui, un jour, tombe sur une ancienne collègue de Casino à l’occasion d’un concert. Elle a 15 ans de plus, des piercings et un enfant de 6 mois dans le ventre. Malgré tout, Aymeric se lance même s’il craint de faire mal au bébé lors de leurs premiers ébats. A la naissance du bambin (formidable passage sur l’accouchement), Aymeric – comme ses parents et amis – s’interroge sur son rôle, puis finit par se faire figure paternelle jusqu’au jour où le père biologique débarque. Les ennuis commencent, les doutes aussi. Une lente descente au pays de l’amertume et de la bière décrite avec une précision de dentellière. En filigrane, l’histoire (qui court sur 40 ans en moins de 300 pages) raconte les derniers soubresauts du monde rural, d’une génération nostalgique de son innocence provinciale, du tiraillement entre l’appel de la nature et la vacuité consumériste… 

Par David Xoual