Un havre de paix au cœur des Cévennes. C’est bien ce que propose l’association Maison Perséphone, coopérative culturelle solidaire. La Maison Perséphone a pris vie à Bessèges, dans la maison d’enfance de Delphine Batton, l’une des fondatrices. Une campagne Zeste a été lancée pour rendre la culture et la permaculture accessibles à tous, tout en favorisant le contact humain.

Feat-Y : Que peut-on trouver à la Maison Perséphone ?

Delphine Batton : C’est avant tout un lieu de rencontres, entre des pratiques, entre le champ culturel et le champ social, mais aussi entre des univers et des personnes. La Maison Perséphone se compose de trois pôles principaux, symbolisés par trois lieux emblématiques. Le Havre d’Hestia est destiné aux séjours de répit. Nous accueillerons dès le mois de juin des personnes en difficulté, pour les aider à s’extraire de leur quotidien. Le premier groupe que nous recevrons est un groupe de femmes victimes de violences, accompagnées par la Maison des femmes de Montreuil. Des publics variés pourront venir s’y ressourcer, comme d’anciens toxicomanes, mais aussi des personnes handicapées, ou encore des jeunes en décrochage scolaire et en difficulté. Nous espérons leur apporter un apaisement, voire un déclic pour rebondir, que ce soit grâce au cadre magnifique des Cévennes, ou bien avec notre espace permaculture et nos ateliers de pratique artistique. 

La maison Perséphone abrite justement une résidence d’artistes. Chacun peut y prendre ses quartiers : un auteur, un plasticien, une compagnie de danse ou de théâtre, un groupe de musique… Nous les laissons travailler sur leur création tout au long de leur hébergement, puis une diffusion ou une représentation est prévue en sortie de résidence, dans le Jardin du Parnasse. Il s’agit en fait d’un musée-jardin avec une scène de spectacle en plein air. En juillet, une artiste plasticienne proposera une création spécifique à notre terrain. Nous souhaitons également que les artistes en résidence organisent des stages ou des ateliers. Nous espérons d’ailleurs installer une grande yourte prochainement, pour accueillir ce type d’événements, des spectacles ou des expositions, en cas d’intempéries.

La dernière partie est baptisée Les Jardins de Déméter, et désigne notre pôle permaculture. Nous le cultivons avec d’autres habitants à proximité. Il nous permet d’être autonomes, et nous souhaitons à terme fournir des fruits et des légumes aux artistes en résidence et aux personnes en séjour de répit. Enfin, nous espérons créer des partenariats avec les écoles des communes environnantes, et organiser des sorties scolaires afin de sensibiliser et initier les enfants à la permaculture et à son aspect humain.

Feat-Y : À quoi servira la campagne Zeste ?

D.B. : La bâtisse est une ancienne maison de mineurs, et une maison de vacances familiale depuis 40 ans. Nous souhaitons la remettre aux normes, mais surtout offrir un lieu de vie agréable et reposant. À terme, quatre studios pourront accueillir chacun jusqu’à quatre personnes. Lors de leur préparation, ils seront confiés à une artiste, afin qu’elle y mette un peu de son âme. Nous avons également eu recours à ce crowdfunding pour continuer d’aménager l’espace de permaculture, voire même financer une yourte.

Feat-Y : Qu’espérez-vous transmettre au public reçu ?

D.B. : La notion de rencontre est au cœur de ce projet, tout comme l’ouverture d’esprit. Il y a bien le lien avec l’autre, mais aussi avec la nature et les animaux. Le but d’un tel lieu est de générer du dialogue. Durant le séjour de répit de la Maison des femmes de Montreuil, cinq à six femmes de la commune viendront nous rejoindre pour manger avec nous et participer aux ateliers. Ce temps sera l’occasion pour toutes d’échanger sur leur parcours de vie, puis pourquoi pas créer une entraide et tisser un lien fort pour l’après ! 

Feat-Y : Il y a une idée de résilience autour de ce projet. Compte tenu du contexte actuel, son développement en 2021 est-il un hasard du calendrier ou une réelle volonté ? 

D.B. : C’est un heureux hasard ! J’estime avoir moi-même un parcours de résilience. J’ai fait une dépression très sévère il y a trois ans et demi, et j’ai eu la chance d’avoir à proximité des outils artistiques et de développement personnel pour m’aider dans ma reconstruction. Cette période m’a permis de me reconnecter à ce que je souhaite vraiment, et à la personne que je suis. J’ai alors engagé un changement de vie. Nous avons mené notre premier week-end de réflexion en septembre 2019, aux côtés des parrains et des marraines de la Maison Perséphone. À l’époque, nous n’avions pas encore d’idée de lieu.

Ensuite, la pandémie est arrivée, et nous n’avons pas pu jouer notre spectacle au Festival d’Avignon. Nous sommes alors revenus à Bessèges, après quelques années sans être retournés dans la maison familiale. Et là : déclic, nous avions trouvé notre lieu ! Vivre cette crise sanitaire tout en nourrissant un projet nous permet d’avancer, et c’est précisément ce que nous souhaitons transmettre. Réussir à surmonter des épreuves difficiles. D’ailleurs, les principes de la permaculture sont liés à cet état d’esprit : commencer petit, grandir, faire avec ce qu’on a, recycler au maximum, trouver plusieurs utilités pour chaque élément… 

Propos recueillis par Mélanie Domergue

Infos :

Pour soutenir la campagne Zeste : https://www.zeste.coop/fr/maison-persephone-association-culturelle-solidaire

Site internet : https://www.maisonpersephone.org/

Page Facebook : https://www.facebook.com/maisonpersephoneCCS

Compte Instagram : https://www.instagram.com/maisonpersephoneccs/