Êtes-vous à la recherche d’un accessoire ou d’un vêtement original ? Minuit sur Terre pourrait bien vous aider ! Cette marque bordelaise propose en effet des chaussures, sacs et vêtements écologiques et vegan. Il y en a pour tous les goûts, avec des collections femme/homme. Les matières polluantes ont été remplacées par le raisin, la pomme, les céréales ou encore les bouteilles recyclées. Rencontre avec la créatrice, Marie Viard.
Feat-Y : Comment a débuté l’aventure ?
Marie Viard : J’ai créé Minuit sur Terre il y a quatre ans. J’étais encore étudiante. C’est parti d’un constat tout simple : je ne voulais plus porter de chaussures en cuir. Je cherchais une alternative écoresponsable, en vain. Alors, j’ai commencé des recherches de matières, d’usines, de fournisseurs, etc. Ensuite, on a lancé la première gamme de chaussures pour femmes en mars 2017, puis les sacs et les chaussures pour hommes l’année suivante. Cette année, on a commercialisé des pulls ! On a aussi une plateforme de seconde main, Aurore sur Terre. On y revend nos prototypes, les modèles qui ont servi lors des shootings, ceux qui ont des petits défauts, ou les paires usées des clientes.
Feat-Y : Quel est votre engagement écologique ?
M.V. : Je suis végane depuis sept ans. La marque Minuit sur Terre est née de mes valeurs et de mon envie de faire mieux. Il y a quatre ans, ni le véganisme ni la mode écoresponsable n’étaient sur le devant de la scène. On ne l’a pas fait par opportunisme !
Feat-Y : Que veut dire le nom de la marque ?
M.V. :C’est une référence à Cendrillon ! C’est la preuve qu’une paire de chaussures peut changer une vie, et même plusieurs : celle des animaux, qui ne sont plus exploités pour leur peau, celle des clients, qui peuvent enfin faire un choix éthique, esthétique et écoresponsable, et celle des employés, qui travaillent sans être dans des conditions affreuses.
Feat-Y : Comment avez-vous découvert que le raisin était une bonne alternative au cuir ?
M.V. :Je connais cette matière depuis 2016. Lors de la création de Minuit sur Terre, j’ai trouvé des alternatives, mais elles étaient encore en cours de développement. C’était le cas du raisin ! J’avais le contact de l’entreprise, alors je les ai rappelés régulièrement pour savoir quand tout allait être prêt. C’était en 2019, du coup ! Il faut sans cesse être à l’affût des nouveautés.
Feat-Y : Comment se sont déroulés les tests ?
M.V. :C’était très compliqué ! On a commencé à tester le raisin en juin/juillet 2019, et les modèles sont sortis en mars 2020. C’était moins long pour la pomme, car on avait un recul : nous n’étions pas les premiers à l’utiliser, contrairement au raisin.
Feat-Y : Quel est le processus de création ?
M.V. : Je fais tous les dessins, puis les fiches techniques. Ces informations sont envoyées dans nos usines portugaises, qui créent un prototype. En général, pour ne pas gâcher de matière, ils font un seul pied pour des chaussures. Si le modèle est validé, on le décline sur les deux pieds et sur plusieurs couleurs. C’est ensuite fabriqué dans nos petites usines. Chacune est spécialisée dans un domaine : chaussures pour femmes, baskets, sacs et pulls. Une fois que les produits sont envoyés en France, on les récupère dans un entrepôt de Blanquefort, au nord de Bordeaux.
Feat-Y : Quelle est votre actualité ?
M.V. :On a développé un système de recyclage le mois dernier ! Lorsque des personnes ont des chaussures usées (que ce soit les nôtres ou non, du moment qu’elles ne contiennent pas de cuir et qu’elles sont fabriquées en Europe), on les récupère. Notre partenaire portugais s’occupe alors de les broyer et de les intégrer à des plaques de caoutchouc recyclé, ce qui permet de transformer ces anciennes chaussures en nouvelles semelles. D’ailleurs, on est toujours en collecte : on a besoin de 200 kilos de chaussures usées pour faire la première production de semelles !
Feat-Y : Avez-vous une influence particulière ?
M.V. : Tout dépend des saisons ! J’essaie de faire un moodboard avec un thème que j’apprécie. On tente ensuite de le décliner tout au long de la collection. Cela peut servir pour les couleurs utilisées, pour déterminer le lieu du shooting, ou pour nommer les chaussures. Côté couleur, on reste neutre, surtout l’hiver ! À cette période, le noir marche très bien. L’été, c’est plus facile de vendre des modèles colorés : le doré, le camel et le bleu ont du succès. On propose toujours la couleur mode de la saison. Cette année, c’est le kaki et le safran.
Feat-Y : Quels sont vos modèles préférés ?
M.V. :J’aime beaucoup ceux en simili daim, conçus en bouteilles plastiques recyclées. Cependant, les chaussures à base de raisin ont le plus haut pourcentage de matière naturelle. C’est de l’ordre de 70 % ; pour le reste, c’est du polyuréthane à base d’eau. Il n’y a que 26 % de matière naturelle pour la pomme. J’aimerais bien développer davantage le raisin à l’avenir, même s’il existe des contraintes techniques pour les usines. On vient d’ailleurs de trouver une solution pour intégrer du raisin dans la semelle des baskets. Cela devrait être disponible dès le printemps 2021.
Feat-Y : Aimeriez-vous travailler avec une autre matière ?
M.V. :Oui, le cuir de champignon ! Pour l’instant, l’entreprise semble faire quelque chose qui se rapproche du 100 % naturel, alors je souhaiterais la tester quand cette matière sera commercialisée.
Propos recueillis par Mélanie Domergue
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