Par David Xoual

Écrivain et historien du cinéma, Noël Herpe revient en librairie avec une autobiographie façon questionnaire de Proust ou comment les plus belles heures de l’émission culte Apostrophes lui servent à raconter sa vie et repenser son désir d’écrire…

1975-1990. Pendant quinze ans, le salon cathodique de Bernard Pivot a accueilli la crème de la littérature et des intellectuels de France et d’ailleurs. Sagan, Nabokov, Duras, Modiano, Sollers, Bukowski… Une époque bénie où l’on parlait philosophie, bouquins et poésie à la télé en fumant des cibiches un verre de whisky à la main. C’était le vendredi soir, les auteurs avaient des visages et une voix, ils étaient des stars. Les gens se pressaient devant leur poste avant de filer dès le samedi à la librairie pour pêcher les conseils du grand Pivot. Il faut dire que l’homme à la veste en velours et aux lunettes carrées n’avait pas son pareil pour charmer son monde, l’énerver, le questionner, le confronter à ses contradictions puis le cajoler à nouveau. Ici, la lèche est interdite, le parler-vrai un impératif. On s’écharpe, on se moque tel Modiano comparant Sollers à Sacha Distel. Bukowski est exfiltré du plateau faute de pouvoir tenir debout et des propos compréhensibles. C’est toute une époque que raconte Noël Herpe dans son dernier livre Ma vie avec Bernard Pivot. Lui et son père dentiste ne manquent pas une émission, écoutant attentivement les débats houleux, les mises au point, les éclaircissements de Pivot qui rappellera notamment la pédophilie de Montherlant et accueillera Denise Bombardier, femme courage qui dénoncera publiquement les agissements de Matzneff. Aujourd’hui, on l’a oublié. Pas Noël Herpe qui tient à réhabiliter le grand Bernard perdu dans la vindicte à l’emporte pièce des réseaux sociaux. Noël Herpe parle de lui avec une sincérité touchante, et convoque une époque pleine d’esprit où les livres étaient vendus en librairie…

Ma vie avec Bernard Pivot, Noël Herpe, éditions Plein Jour