par David Xoual
Produite par A24 à qui l’on doit le déjà cultissime et oscarisé Everything Everywhere All At Once, la mini-série Les Acharnés vaut autant pour sa forme que pour son fond. Une pépite métaphysique au vitriol où les bas instincts côtoient le sublime.
C’est l’histoire d’un accrochage sur le parking d’un mall à Los Angeles. Une histoire banale, excepté que les deux protagonistes, Amy (CSP ++ en passe de vendre sa start-up) et Danny (auto-entrepreneur, homme à tout faire), sont en roue libre et laissent éclater leur colère avec insultes, course-poursuite et plus si atrocités… Le début de la fin et une montée de la violence au sein de la communauté asiatique de LA. En dix épisodes de 30 minutes, le show runner Lee Sung-Jin fait preuve d’une virtuosité rarement égalée sur la plateforme Netflix. Un OVNI indé entre Ken Loach pour la peinture sociale et Tarantino pour la débauche de violence et un humour pince-sans-rire à se taper le cul par terre. Les deux comédiens, Ali Wong et Steven Yeun, coupent la chique, émeuvent, énervent, surprennent. Film d’action, thriller, drame social, envolée onirique… Un mélange des genres à l’image d’Everything Everywhere All At Once où le spectateur est sans cesse invité à prendre des chemins de traverse. En toile de fond, Los Angeles, la faune arty, les ultra riches et la misère existentielle, l’absurdité de la vie, un creux que l’on remplit comme on peut en cherchant un sens dans la vengeance. Petit à petit, la série prend la tangente, s’interroge sur les motivations et les traumatismes de ces personnages hauts en couleurs. Visuellement, les références aux grands noms du cinéma illuminent chaque plan, enveloppent cette sauvagerie d’un voile poétique. Une série addictive qui ne prend pas le spectateur pour un consommateur mais bel et bien pour un homme pensant et doutant.
Les Acharnés, Lee Sung-Jing, disponible sur Netflix