Par David Xoual

Premier long métrage des créateurs de Strip Tease, le documentaire sorti en 2017 brosse le portrait
d’une magistrate pas comme les autres en la personne d’Anne Gruwez. Une juge d’instruction made
in Belgique avec sa gouaille et une finesse d’esprit sans pareil…
Le documentaire débute par un face à face entre la juge et un Monsieur Tout-le-monde qui aime
taper les femmes. « Je ne sers jamais la main des malfrats, vous savez », lui lance-t-elle à la fin de
l’audition. Le type ne sait pas s’il doit sourire ou réfléchir. Le ton est donné. Pendant trois ans, Jean
Libon et Yves Hinant ont suivi les pérégrinations en 2 CV de la juge Anne Gruwez entre son bureau,
les scènes de crime et les enquêtes. Quand elle passe devant un immeuble, elle explique qu’ici a eu
lieu une décapitation. Comme toujours chez les réalisateurs de l’émission culte Strip Tease, le confort
du spectateur est mis à rude épreuve. Est-ce qu’on se délecte de ces pauvres hères ? Est-ce du
voyeurisme ? En s’intéressant à la justice et à ceux qui la représentent, en mettant en lumière la
misère humaine et la face sombre de l’homme, les émotions sont ici décuplées. Si certains critiques y
voient une chose obscène et racoleuse, d’autres estiment que ce documentaire sans filtre et sans
tabou est d’utilité publique. Car oui, la juge a un humour noir façon Benoit Poelvoorde, sorte de
rempart à l’atrocité et aux bassesses humaines, qui peut choquer. A l’exception près qu’ici tout est
vrai. Alors oui, on rit, on est estomaqué, on a la larme qui monte, on s’indigne comme la juge face à
l’absurdité de la machine judiciaire. On admire également sa franchise, son engagement sans
concession et sans esbrouffe, qui enquête sur une affaire classée depuis 20 ans : le meurtre de deux
prostituées et ces fameux sacs de préservatifs qu’elle peine à retrouver. Ames sensibles s’abstenir,
les autres, bon visionnage !

Ni juge, ni soumise, Jean Libon et Yves Hinant, disponible sur MyCanal