Par David Xoual

Instinctif, technique, capable d’interpréter n’importe quel rôle du répertoire, Guillaume Diop a été nommé étoile de l’Opéra de Paris à seulement 23 ans. Il est aussi le premier danseur métisse à accéder au graal de l’institution parisienne…
Qu’importe la couleur, pourvu qu’on ait la délicatesse. Qu’importe, en effet, que Guillaume Diop soit métisse, fils d’un père sénégalais et d’une mère auvergnate. L’important est ailleurs. Principalement, dans son corps que beaucoup critiquait à ses débuts, notamment ses pieds plats. Et dans sa tête. Un corps sain dans un esprit sain. A ce sujet, la danseuse étoile Dorothée Gilbert loue sa capacité à investir tous les rôles, de Basilio dans Don Quichotte au guerrier Solor de La Bayadère en passant par Siegfried dans Le Lac des Cygnes. Diop met ses partenaires en confiance, offre une certaine sécurité…
Il pense à eux et à elles. Un caméléon ultra technique et bienveillant qui a quand même essuyé les plâtres et le racisme latent d’une institution exclusivement blanche. A 16 ans, il quitte l’opéra de Paris pour rejoindre la compagnie Alvin Ailey American Dance Theater à New York. Là-bas, Guillaume est dans son élément et se voit offrir un contrat. Mais, le garçon n’a pas dit son dernier mot. Retour dans la capitale française où il intègre le corps de ballet de l’Opéra national de Paris. L’ascension est fulgurante. On le voit dans le rôle de Roméo alors qu’il n’est pas encore soliste. Il joue les remplaçants trois étoiles quand des collègues sont blessés. Entre deux représentations, il rédige un manifeste, De la question raciale à l’Opéra national de Paris, soutenu par 400 employés. Nommé coryphée en novembre 2021, puis sujet en 2022, Guillaume Diop grille la priorité pour devenir danseur étoile sans passer par la case premier danseur. La nomination a lieu à l’issue d’une représentation de Gisele à Séoul. Un fait rare pour une institution qui ne badine pas avec les traditions et le chemin de croix imposé à tous ses danseurs. Il y a bien eu quelques exceptions comme Mathieu Ganio et Manuel Legris. Il y a désormais Guillaume Diop.

Crédit Photo Julien Benhamou, Opéra National de Paris

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