Par David Xoual

Adaptation lumineuse et réussie du manga de Jiro Taniguchi, le film d’animation Le Sommet des
Dieux est une ode à la nature et aux aventuriers des cimes enneigées. Un film récompensé aux Césars
2022 qui transcende la montagne et le spectateur…
Ligne claire, décors à couper le souffle, ambiance sonore soignée, ivresse des montagnes… Le
Sommet des Dieux ou l’animation au meilleur de sa forme. Et pas seulement, puisque le fond est
également de l’ascension avec en ligne de crête la quête métaphysique d’un alpiniste jusqu’au-
boutiste saupoudrée d’un suspense digne d’un très bon thriller. Soit l’histoire de Fukamachi, un
reporter qui – lors d’un séjour à Katmandou – croit reconnaitre Habu Jôji, un alpiniste écorché vif
qu’on croyait disparu (un drôle de personnage, bourru et attachant, librement inspiré de l’alpiniste
japonais Tsuneo Hasegawa mort en 1991 dans une avalanche). Entre les mains de ce dernier, un petit
appareil photo que les alpinistes George Mallory et Andrew Irvine auraient emmené lors de leur
ascension de l’Everest le 8 juin 1924 avant de mourir. Un Kodak Vest Pocket qui pourrait lever le voile
sur l’un des plus grands mystères de l’alpinisme : et si Mallory et son comparse avaient été les
premiers à atteindre le sommet de l’Everest ? S’en suit une traque et une plongée dans le milieu de
l’alpinisme où passion rime souvent avec déraison. Un univers de fortes têtes épris de liberté,
incapables d’observer un piton rocheux sans vouloir le toucher des doigts et de leurs piolets. Ou
cette soif insensée de vouloir dominer la nature. A la fois ultra réaliste et d’une poésie proche de
l’animisme, le réalisateur Patrick Imbert parvient à concilier la ligne claire de l’école belge et le style
unique du manga. A l’instar du magnifique J’ai perdu mon corps de Jérémy Caplin, Le Sommet des
Dieux rappelle le trait de génie de l’animation française…
Le Sommet des Dieux, Patrick Imbert, My Canal