Par David Xoual
Diffusé sur Arte, le documentaire revient sur la vie plurielle de Joseph Kessel. Des steppes russes au Berlin de 1939 en passant par l’Afghanistan et le procès de Nuremberg, l’auteur des Mains du miracle n’a eu de cesse de témoigner de notre monde, de ses atrocités comme de ses beautés…
De Kessel, on connait le formidable romancier, l’aventurier, le reporter, le résistant… Le documentaire réalisé par Marie Brunet-Debaines s’attache également à montrer le Kessel jouisseur, revanchard, collectionneur de femmes, buveur, passionné. Adolescent, le jeune Kessel se cogne en effet à la réalité, à la frustration de ne pouvoir s’offrir une vie de rêve, lui l’enfant d’émigrés. Un sentiment que l’on retrouvera dans son roman autobiographique La Tour du malheur. Après ses études à la Sorbonne, il décide donc de devenir acteur. Avec son physique et sa gueule, il est certain de réussir. Pourtant, c’est la littérature et la maison Gallimard qui vont le rapprocher des étoiles et des vitrines des brasseries à la mode qu’il admire depuis le trottoir. Son premier roman L’Equipage revient sur son expérience d’aviateur lors de la Première Guerre mondiale. Succès public et critique, la carrière de Kessel est lancée. Entre deux voyages et des reportages pour le France-Soir de Pierre Lazareff, il fréquente les nuits parisiennes, plus particulièrement celles de ses compatriotes russes. Il envie leur jusqu’au boutisme. Voilà l’âme russe, la démesure dans la joie comme la tristesse qu’il tend à capter et atteindre dans les cabarets peuplés de tziganes et de personnages louches. Après la Grande Guerre, il travaille pour La Liberté, Le Figaro… Toujours là où on ne l’attend pas, le romancier épris d’aventure publie Belle de jour. Le livre fait scandale. Des années plus tard, l’adaptation cinématographique par Buñuel deviendra culte. Aux soirées parisiennes, il préfère désormais les vraies gens, ceux qui triment ou ceux qui flirtent avec la loi et la morale comme Henri de Monfreid qui lui inspirera Marchés d’esclaves. La suite est à découvrir dans l’excellent documentaire de Marie Brunet-Debaines. Et pour ceux qui souhaiteraient se replonger dans l’œuvre du lion, Kessel a enfin eu droit à sa Pléiade.
Kessel, un lion, Arte TV