La disparition est un thème récurrent dans notre société. Celles de la biodiversité et de certaines espèces sont suffisamment alarmantes pour éveiller les consciences. Face à un monde qui s’efface et devant l’incertitude du prochain, les journalistes Annabelle Perrin et François de Monès lancent La Disparition, un média épistolaire et politique qui chronique les disparitions en cours dans notre monde. À l’intérieur, un long récit d’une dizaine de pages, conté non sans émotions et rebondissements par une ou un journaliste, une autrice ou un auteur. Une carte postale, un strip de bande dessinée, des mots croisés et un nota bene complètent le tout. Les premiers exemplaires seront distribués en janvier 2022.

2020 sonnait comme une promesse. Nouvelle décennie, nouveaux projets. « C’est mon année ! » : combien sommes-nous à avoir prononcé ces mots pleins d’espoir le soir du 31 décembre ? Et puis patatrac, voilà qu’un virus arrive et bouscule tous nos plans. Des mots que nous n’entendions principalement que dans des films ou des séries font leur entrée dans notre quotidien. « Contamination », « mise en quarantaine », « confinement »… puis tout qui s’arrête.

Des libertés que nous pensions irrévocables disparaissent du jour au lendemain. Il faut accepter d’être loin de ses proches. Parfois même, se contenter de travailler sans voir personne. Ne pas pouvoir se rendre à un enterrement. Une période dure à encaisser et qui nous a tous abasourdis. Et pourtant, dans toute cette violence s’est aussi dégagée une forme de beauté, portée par la solidarité et la créativité.

Beaucoup d’entre nous ont en effet mis à profit le confinement pour se découvrir une nouvelle passion ou s’atteler à un projet. C’est le cas des journalistes Annabelle Perrin et François de Monès.Depuis des années, tous deux avaient envie de créer un média original. Lors du premier confinement, ce souhait est revenu avec une idée évidente : analyser le monde qui nous entoure sous le prisme de la disparition. Bien vite, la liste de sujets ne manque pas. Les services publics, les libertés fondamentales, l’environnement…

Entre journalisme et littérature

Et quel meilleur moyen de le faire que par des lettres, alias le principal médium papier en voie de disparition. Organisée en saisons (hiver, printemps, été et automne), La Disparition sera à retrouver toutes les deux semaines dans sa boîte aux lettres. L’abonnement (de 11 euros par mois), sans engagement, est pour l’instant l’unique moyen d’accès au contenu.

Annabelle Perrin et François de Monès se sont entourés de journalistes, d’auteurs et d’autrices dont ils apprécient le travail, et riches de savoirs à partager. Mais aussi de jeunes pigistes, qu’ils soient toujours en école de journalisme ou bien diplômés depuis quelques années.

S’évader grâce à des récits vivants

Recevoir une lettre à la fois belle et politisante, pour s’évader au coin du feu ou profiter des beaux jours afin de lire en se reconnectant à la nature. Voilà ce que propose ce nouveau média, qui refuse de tomber dans la nostalgie, et encore moins dans le trop facile « C’était mieux avant ». Bien qu’il aborde des disparitions regrettables, il met également en avant des disparitions nécessaires et joyeuses, comme celle de la maladie du sommeil. Et même si des sujets graves sont abordés, la manière de les raconter se veut vivante et incarnée.

La Disparition met en avant des tranches de vie d’individus debout, prêts à lutter et à se serrer les coudes, tout en mêlant leurs joies et leurs peines. La lettre de la journaliste Cécile Massin traite par exemple la notion de disparition sous le prisme de l’exil à Mayotte. Un récit qui lie les lecteurs à des demandeurs d’asile postés sur un rond-point, partageant au détour de conversations leurs amours, mais aussi leurs désillusions.

Ou bien encore celle de Quentin Müller, qui retrace son périple sur l’île de Socotra au Yémen, à la recherche de l’arbre dragon menacé de disparition. L’expédition d’un reporter au bout du monde, qui n’a rien à envier aux aventures de Tintin.  

Un autre lien entre un média et son lectorat

En parlant de La Disparition, un journaliste a dit à ses créateurs qu’ils emmenaient l’universel dans l’intime. Cette formule leur a plu. Et pour cause, ce média souhaite réunir lectrices, lecteurs, autrices et auteurs à travers Le Club des disparus volontaires.

D’abord avec un club de lecture. Une boucle sera créée sur une messagerie afin que le lectorat puisse discuter ensemble et avec la rédaction autour des lettres reçues et des prochaines. Un club de marche les conduira également quelque part en France, sur les traces d’une disparition, où là encore, les échanges seront les bienvenus. Enfin, un club de correspondance sera mis en place, avec une enveloppe prétimbrée et préadressée à un autre membre du club. L’occasion d’entretenir une correspondance avec l’inconnu !

Mélanie DOMERGUE

Infos :

La campagne de précommande de La Disparition (avec des tarifs réduits) est encore en ligne pour quelques jours : https://www.kisskissbankbank.com/fr/projects/la-disparition

Site internet : https://ladisparition.fr/

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