Il y a tout juste trois ans, une scientifique azuréenne, Deborah Pardo lançait son projet,  Earthship Sisters, premier accélérateur en leadership environnemental pour les femmes, qui a pour finalité de leur permet de mener à bien leur projet professionnel et, à travers elles, de changer la société. Le concept tout à fait original, attire de nombreuses femmes du pourtour méditerranéen, séduites par cette perspective de reprendre en mains à la fois leur carrière tout en ayant une action sur l’environnement, puisque le programme a lieu sur un voilier. 

Comment l’idée d’Earthship Sisters a-t-elle germée ? 

Je suis co-fondatrice du Earthship Sisters que j’ai créé avec Natalie Ille. J’avais à l’esprit la structure du Homeward Bound Antarctica. Cette formation d’élite internationale  qui promeut les femmes scientifiques en leadership pour changer le monde. Sachant que femmes sont à l’origine de la vie, elles sont par conséquent les véritables ambassadrices de l’environnement, elles ont pour leitmotiv de «  semer l’envie d’agir et  de sauver la planète ». 

Lorsqu’avec Natalie Ille, nous nous sommes rencontrées pour mener à bien ce projet, nous venions d’horizons très différents. Nathalie, avait skippé des expéditions avec des enfants en situation de handicap, par l’intermédiaire de l’association « Sourire à la vie », et recensé les cétacés avec le WWF. Elle a commencé à sentir que les femmes avaient besoin de prendre la barre pour révéler leur potentiel et dépasser leur manque de confiance en elle, bien trop souvent présent . Elle a donc monté l’expédition « Eléments » avec des femmes sportives de haut niveau, puis « Sillage Odyssée » avec des femmes scientifiques en Méditerranée.

C’est à ce moment que nous nous sommes rencontrées. Nous partagions des valeurs communes, l’enthousiasme, un goût pour l’aventure et la navigation. Nous avons créé une communauté de  femmes engagées, prêtes au leadership.

Vos études vous prédestinaient à embrasser une carrière scientifique et à vous lancer dans ce type d’aventure ? 

C’est exact, j’ai moi-même toujours été très proche des problématiques environnementales et de la nature. J’ai été élevée dans le respect  des choses. Petite je me passionnais pour la biodiversité et pour la vie animale, je possédais Encarta avec toutes les classifications d’animaux. J’ai passé quelques années en Suède avec le programme Erasmus, c’est un pays ouvert sur la nature et sensible aux défis actuels.

Après un Master 2 à l’Université de Montpellier, car m’a permis de m’ouvrir à la biodiversité à l’écologie et à l’évolution des espèces animales, j’ai obtenu une bourse  pour suivre une formation doctorale à l’Université Paris 3, tout en intégrant le laboratoire du centre d’études biologiques de Chizé à Niort.

Quelles ont été les étapes marquantes qui ont permis la maturation de votre projet ?

 En intégrant le laboratoire, je travaillais sur les modèles mathématiques permettant d’expliquer le déclin des populations  albatros. On a étudié les causes, à cela plusieurs paramètres environnementaux, le rôle intrusif de l’homme et enfin le changement climatique.

Pendant quatre ans j’ai pris part au projet British Antartic Survey de Cambridge pour étudier à fond le sujet. J’ai passé près de quatre ans en Grande-Bretagne.

Entre temps, j’ai eu mon premier enfant, j’en ai profité pour former une jeune australienne sur  les albatros. C’est elle qui  m’a parlé du Homewood Bound Antartica, programme de leadership basé en Australie pour les femmes scientifiques, dont l’objectif est d’accroître la représentation des femmes à des postes de direction dans les domaines scientifiques . On  a bossé  en digital et effectué des tests sur le leadership.

En 2016, j’ai été sélectionnée pour ce programme en Antarctique. J’ai été la première Française à y  participer. C’était une formation intensive avec une immersion d’un mois en Antarctique auprès de 80 femmes scientifiques de 30 pays. L’objectif, aider les femmes scientifiques à changer le monde !

Désormais nous aidons les femmes à  briser ce plafond de verre qui les empêche souvent d’accéder aux plus hautes responsabilités, même si elles sont infiniment compétentes.

Earthship Sisters, a donc vocation à  repenser les liens entre  l’environnement et le rôle des femmes ? 

Désormais nous aidons les femmes à  briser ce plafond de verre qui les empêche souvent d’accéder aux plus hautes responsabilités, même si elles sont infiniment compétentes.

Nous sommes en autres choses, un incubateur qui permet aux femmes en participant à un programme, de mieux se connaître, développer la confiance en soi et atteindre son plein potentiel.

Le contexte est  important,  et elles ont la chance d’appartenir à une  communauté grandissante de Sisters, des femmes dynamiques et aux profils variés qui s’impliquent dans la protection de l’environnement et ne plus se sentir seule à agir ; Cela a lieu pendant une expédition inoubliable sur notre voilier, en tissant des liens forts avec les autres Sisters.

On leur apprend aussi  à améliorer leur efficacité, étendre leur réseau et leur visibilité au sein de l’écosystème qui leur correspond. Nous les aidons aussi à faire rayonner leur territoire. 

Notre ambition désormais est de développer le concept, au-delà de la Méditerranée et de permettre à d’autres femmes de devenir des battantes.

Propos recueillis par Lea Raso Della Volta