Sous ses airs d’application éco-responsable, Vinted, célèbre plateforme permettant la revente de vêtements à d’autres particuliers, rassemble aujourd’hui plus de 45 millions d’utilisateurs dans le monde entier. Les membres de l’application peuvent réaliser des échanges allant des vêtements jusqu’à la vente de livres passant par des jouets, des cosmétiques ou encore des accessoires technologiques. D’apparence révolutionnaire, Vinted est le symbole d’une nouvelle manière de consommer remplissant les critères d’un monde écologique favorisant la “seconde-main”. Mais, cet aspect responsable véhiculé sur les réseaux sociaux n’est-il pas le résultat d’un procédé marketing visant à donner une image positive à la plateforme ? Entre conscience trompeuse et fast fashion, enquête sur les dessous de Vinted, une application aux multiples faces.

Éthique, écologique ou encore originale : la révolution de la seconde-main

         Né en Lituanie en 2008 sous l’initiative d’une jeune étudiante, Vinted est un marché communautaire favorisant et encourageant les achats d’occasion pour lutter contre la surconsommation et les dommages écologiques causés par les grandes chaînes de textile. Sur cette plateforme, rien n’est neuf, il s’agit de vendre les vêtements que l’on ne porte plus et de donner une seconde vie à ceux des autres. Le consommateur est alors convaincu qu’il a, à sa manière, sauvé la planète. De la même façon, Vinted est tout autant ludique que pratique ; mettre en vente un article ne prend que quelques minutes et en acheter un n’a jamais été aussi simple. Cette consommation éthique est appuyée par l’article “unique” qu’obtiendra chaque membre sur Vinted. En effet, acquérir un vêtement de seconde-main amène l’acheteur à développer un sentiment de rentabilité se sentant d’autant plus original qu’auparavant. Limitant de même l’exclusion sociale favorisant l’achat de marques à petit prix, Vinted apparaît alors comme étant la plateforme idéale non seulement du côté éco-responsable mais aussi du côté de l’individu. Pourtant, ce changement de consommation n’est qu’illusoire, en réalité, Vinted regorge d’aspects cachés encourageant des achats excessifs allant à l’encontre des politiques écologiques.

Une image trompeuse de responsabilité écologique au profit de la promotion de la fast-fashion et de la surconsommation

         Bien évidemment que le côté écologique attire de nombreux utilisateurs mais l’avantage principal de ce marché communautaire est avant tout le bas prix des articles. Vinted utilise l’image d’une entreprise responsable envers la planète principalement à des fins commerciales. En réalité, elle ne répond pas aux critères d’une application luttant contre la surconsommation mais favorise, au contraire, la consommation à outrance. Elle fait partie des organisations appelées “greenwashing”. Son interface pratique et rapide pousse le consommateur à l’achat compulsif. Il est bien plus simple de faire un panier sur Vinted que de se déplacer en magasin. De plus, le bas prix des articles et des coûts de transport entraîne les internautes à acheter en masse. Chaque produit payé est un colis déposé dans un point relais prêt à être transporté dans toute la France, voire à l’international, remettant en question une nouvelle fois le côté éco-responsable de Vinted. Cette illusion du changement de consommation est renforcée par les marques proposées sur la plateforme. Bien que l’objectif principal fût de favoriser la “seconde-main”, celle-ci provient essentiellement de production de la fast-fashion. Nombreuses sont les marques qui sont mises en cause par les médias pour pollution et production de masse telles que Shein, Zara, Miss Guided ou encore H&M. Ainsi, l’origine non-éthique des articles apparaît comme un problème flagrant, acheter d’occasion des produits issus de la fast-fashion ne va-t-il pas à l’encontre des politiques écologiques ?

         Vinted, de premier abord promoteur d’une consommation responsable et agissante pour lutter contre la surconsommation, n’est en réalité pas aussi efficace qu’elle puisse paraître. Proposant une alternative attractive et pertinente, elle permet tout de même de favoriser et de promouvoir l’achat d’articles d’occasion. Cependant, comment réagir à cette seconde-main d’origine controversée ? Devons-nous repenser nos achats sur cette plateforme par le boycott de certaines marques ou tout simplement favoriser les commerces de proximité tels que des friperies ? L’apparence et la réalité de Vinted nous permettent d’admettre qu’une nouvelle fois, les actions proposées pour un nouveau monde éco-responsable ne sont jamais achevées et ne doivent jamais cesser d’être repensées.

Salomé Batut