Mr Mondialisation est un des rares médias complétement indépendants pouvant se targuer d’avoir une liberté totale d’expression. Derrière sa création, une volonté de sortir des cases préformatées et ainsi pousser le citoyen à la reflexion sur des sujets globaux . Résolument humaniste, fervent défenseur des droits humains et de la préservation de la planète, le média apartisan invite à la reflexion quotidienne autour d’une autre manière d’appréhender la société contemporaine tout en conciliant son besoin de productivité ainsi que ses enjeux environnementaux et sociaux. Interview
Feat-y: Pour quelles raisons avez-vous développé le site Mr Mondialisation et pourquoi ce nom que vous utilisez comme pseudonyme ?
Mr Mondialisation: Le média alternatif “Mr Mondialisation” n’est pas l’aboutissement d’un projet classique. J’étais encore étudiant quand j’ai lancé personnellement un blog anonyme sur la mondialisation et ses effets délétères sur notre planète. Suite au succès de ma vidéo “Vous êtes l’Evolution” qui avait fait plus de 2 millions de vues en 2012, j’ai décidé d’en faire un projet de vie, d’abandonner mon emploi pour y travailler à temps plein. Le hobbie s’est transformé en travail. Aujourd’hui, une équipe d’une dizaine de personnes gravite autour du projet et nous publions 5 à 7 contenus par jour sur nos thèmes de prédilection : l’écologie, les droits humains, les limites à la croissance et la mondialisation.
Feat-y: Durant l’été, vous avez posté un message indiquant que vous avez dû faire face à des menaces de
poursuites suite à certains de vos articles. Est-ce récurrent de subir ce genre de choses depuis les
débuts de Mr Mondialisation ou est-ce depuis une période plus récente ?
Mr Mondialisation: Plus nos lecteurs sont nombreux, plus nous avons un pouvoir d’influence important sur la société et les entreprises. Aujourd’hui, certaines publications virales entraînent des dizaines de milliers de réactions sur les réseaux sociaux. Notamment, le sujet du dropshipping “chinois” a attiré notre attention ces derniers mois tant les personnes victimes de ces manipulations commerciales sont nombreuses. C’est depuis que nous avons observé une explosion des signalements dans le but de faire censurer des informations, ainsi que des messages d’intimidation et menace de poursuites. Nous ne cédons pas à ces menaces. Au contraire, elles renforcent nos convictions.
Feat-y: Cela fait plus de 10 ans que Mr Mondialisation existe. Quel regard portez-vous sur le temps écoulé
depuis vos débuts, notamment à travers la thématique écologique, qui vous est chère ?
Mr Mondialisation: Quand j’ai débuté, la question écologique était pratiquement absente du débat public. Les écologistes étaient décriés publiquement dans les médias et le négation de la problématique écologique était la norme. Il était normal d’inviter des climato-sceptiques sur des plateaux de télévision. Aujourd’hui, devant l’écrasante réalité scientifique, ce n’est heureusement plus faisable. En 15 ans, beaucoup de choses ont changé, d’autres moins… Si tout le monde est d’accord pour dire que la planète souffre, la transition se limite souvent à des discours décorés de verts et de promesses en l’air des entreprises. Forcément, la croissance économiques est incompatible avec la transition écologique par nature. Bilan : nous ne cessons de consommer toujours plus de ressources et d’énergie en dépit des “efforts” déclarés.
Feat-y: Est-ce que les mégafeux observés depuis le début de l’été aux États-Unis, au Canada, en Grèce, en
Turquie ou encore en Algérie donnent plus de poids au dernier rapport du GIEC sur le dérèglement
climatique selon vous ?
Mr Mondialisation: Les grands feux comme les inondations rendent la crise très palpable pour l’humanité. Le monde part en fumée. Cependant, les négationnistes ont un discours parfaitement rodé pour minimiser l’urgence. Ils est répété en boucle que ces feux sont d’origine criminelle… Sauf que ce n’est pas là le fond du problème. Les feux sont nécessairement d’origine humaine, que ce soit criminel ou accidentel, c’est la sécheresse inhabituelle et le climat chaud et sec qui font que de simples feux localisés prennent des ampleurs catastrophiques. Il semble pourtant que quoi qu’il arrive, une partie de la population continuera de nier la réalité jusqu’au bout. Pourtant, ce que nous vivons aujourd’hui n’est qu’un maigre aperçu de ce qui nous attend si nous ne réagissons pas.
Feat-y: Peut-on dire que le dérèglement climatique est un marqueur de volonté d’autodestruction de la
civilisation humaine, selon vous ?
Mr Mondialisation: Je ne crois pas qu’il existe une quelconque volonté d’autodestruction. Nous avons tous, individuellement, la volonté de vivre dignement, selon nos prismes de valeurs. Mais nos souhaits, notre volonté, s’exprime dans le cadre d’un certain système, d’un modèle de société. Et les institutions de notre système mondialisé nous poussent à l’auto-destruction. Par conséquent, nous devons les confronter et les changer.
Feat-y: Depuis de nombreuses années, vous remettez en question la sacralisation de la croissance
économique et optez pour une position décroissante. Est-ce à dire que la croissance « verte », vantée
par certains économistes, est une chimère de la pensée ?
Croire à la croissance verte, c’est comme croire à de bon cancer. Nous ne pouvons pas démultiplier indéfiniment nos productions sans générer d’effets autour de nous. Le croire relève de l’idéologie
Mr Mondialisation: Croire à la croissance verte, c’est comme croire à de bon cancer. Nous ne pouvons pas démultiplier indéfiniment nos productions sans générer d’effets autour de nous. Le croire relève de l’idéologie. Et cette idéologie commune à notre époque va nous détruire. Tous les organismes ont une période de croissance pour atteindre un certain équilibre. Au même titre que les arbres ne poussent pas jusqu’au ciel, l’humanité ne devrait pas croire à sa croissance illimitée. Certes, il convient de produire de manière la plus durable possible, tout le monde en conviendra, mais le bilan de nos efforts est négatif si dans le même temps le PIB total ne cesse d’augmenter. C’est l’effet rebond. Produire “mieux” n’a pas d’effet positif si nous produisons également “plus”.
Feat-y: Bien qu’elle fasse son chemin, l’idée de la décroissance reste mal vue par nombre d’économistes, y
compris des économistes antilibéraux et critiques du capitalisme, arguant qu’elle signifie une baisse
des revenus, de la consommation, notamment pour les classes populaires. Comment convaincre de
la pertinence de la décroissance face à ces critiques ?
Mr Mondialisation: La décroissance est mal perçue pour deux grandes raisons. Sémantique d’une part : l’idée de ralentir n’est pas facilement assimilable par l’esprit. La connotation est négative. Deuxièmement, l’idée de ralentir la machine productive est radicalement contradictoire avec le modèle actuel. C’est un peu dire à une personne très religieuse que son dieu n’existe pas. La décroissance est en réalité l’idée qu’il existe une limite à la croissance et que les organismes tendent à un équilibre plutôt qu’à une fuite en avant sans fin. L’humanité a le devoir de trouver son équilibre. Voilà une perspective qui n’a rien de terrifiante : l’équilibre, c’est la paix mais aussi la raison, le partage et la notion de limites. Mais, tels des enfants gâtés, nous n’aimons pas les limites…
Feat-y: Comment analysez-vous la gestion de la crise sanitaire, en France comme ailleurs dans le monde,
depuis 2020 ? D’ailleurs, cette crise du Coronavirus illustre-t-elle un lien avec un mode de production
capitaliste énergivore et rendant malade l’environnement ?
Mr Mondialisation: On pourrait longuement commenter la gestion de cette crise, mais ce qui nous intéresse chez nous c’est de bien comprendre le contexte de la propagation d’une maladie d’origine animale au monde entier. Comme pour la plupart des problèmes, le monde politique s’attarde à “soigner” les effets visibles dans l’urgence. Nous avons le devoir de penser le monde comme un système afin d’éviter qu’une pareille situation ne se reproduise. Les élevages jouent un grand rôle pour la propagation des virus. Notre rapport au monde animal doit être questionné. Nous avons longuement étudié la question dans un dossier disponible sur notre site (https://mrmondialisation.org/lorigine-aaorigine-animale-des-pandemies-il-est-urgent-de-changer-notre-modelenimale-des-pandemies/). Les scientifiques nous disent par exemple que la faune sauvage abrite actuellement 1,7 million de virus encore inconnus, dont la moitié seraient susceptibles d’infecter les humains. Nous ne pouvons pas continuer en fermant les yeux sur cette réalité.
Feat-y: Quelles alternatives mériteraient d’être développées, ou du moins débattues par les décideurs
publics, en matière de politique sanitaire et en lien avec un équilibre à trouver par rapport à
l’environnement, selon vous ?
Mr Mondialisation: Vous nous demandez un programme politique. Celui-ci devrait faire des milliers de pages… C’est ce travail que nous faisons en communicant chaque jour depuis 10 ans. Il existe tant d’alternatives à développer d’urgence. Elles se comptent par milliers. Cette notion d’équilibre à trouver devrait devenir fondamentale dans les prises de décision. Nous en sommes loin car nos institutions sont vieilles et inadaptées au monde moderne. Notre démocratie doit évoluer d’urgence pour s’adapter à l’anthropocène. Nous pensons vraiment que sans un nouveau cadre, une nouvelle constitution, un idéal commun fort et construit, les alternatives ne suffiront pas à infléchir notre modèle productiviste. Nous approchons donc d’une forme de révolution des institutions. Soit elle se fera naturellement, sous l’impulsion citoyenne, soit par la force des choses, dans la colère et la violence. Soyons raisonnables, changeons de modèle pendant que nous le pouvons, pour un avenir serein !
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