En France, 70 % des meubles sont en réalité des meubles importés. Camille Cousté, passionnée de design et Grégoire Gérard, éco-citoyen convaincu, ont pour projet de promouvoir un éco-score pour le mobilier neuf. Leur but : partir d’une approche scientifique pour fournir aux consommateurs une vision simple et compréhensible de l’impact environnemental d’un objet. Une campagne de financement participatif a été lancée sur KissKissBankBank.
Feat-Y : Comment est née l’idée de cet éco-score ?
Grégoire Gérard : Lorsque les consommateurs achètent du mobilier, il est souvent impossible d’en connaître l’impact sur la planète. Nous nous sommes mis d’accord sur le besoin de clarté pour que les clients aient facilement accès aux bonnes informations avant d’effectuer leur achat. Après plusieurs recherches, le modèle du nutri-score nous a paru être le plus simple pour permettre cette transparence.
D’ailleurs, des travaux sont menés en ce sens par le ministère de la Transition écologique et l’ADEME. Ce modèle de score se retrouve déjà dans plusieurs secteurs, dont l’alimentaire avec l’application Yuka, mais aussi dans le textile, avec le score environnemental de Decathlon. Or, ce n’est pas encore le cas avec le mobilier, voilà pourquoi nous nous sommes lancés dans ce projet.
Feat-Y : Quel fonctionnement envisagez-vous ?
G.G. :Notre approche repose sur l’analyse du cycle de vie. Toutes les étapes sont prises en compte : de l’extraction de la matière première à la fin de vie, en passant par l’assemblage, la construction, la distribution et le transport utilisé. Nous souhaitons ainsi évaluer l’impact environnemental d’un meuble en fonction de 3 critères prioritaires (émissions de gaz à effet de serre (CO2), acidification et eutrophisation). Nous observons notamment quelle est l’émission de CO2 produite lors de chaque étape de la vie d’un produit.
Nous comparons ensuite les produits entre eux, avant de leur donner une note, définie entre autres par leur impact sur les émissions de gaz à effet de serre ou encore sur la pollution de l’air et maritime. Ceux ayant le moins d’impact environnemental obtiennent la note de A, contre la note de E pour ceux ayant le plus d’impact.
Feat-Y : Sur quoi reposent les critères retenus ?
G.G. : Nous utilisons la base de données en open source IMPACTS®, toujours en cours de développement par l’ADEME. Elle permet de calculer l’impact environnemental des produits de grande distribution. En guise d’illustration, prenons une table en hêtre d’Allemagne. Utiliser cet arbre spécifique a bien un coût environnemental sur la planète.
Si la table est conçue dans une usine d’Orléans alimentée par un parc éolien, il faut là aussi calculer quel est l’impact environnemental. La distribution de la table d’Orléans vers Marseille par camion a également un coût. Une fois ces données mises bout à bout, cela nous donne une idée concrète de l’impact environnemental de cette table.
Feat-Y : Qui sont vos partenaires ?
G.G. : Il y a d’abord les industriels, que nous démarchons. Notre but est de tester l’éco-score avec eux, afin d’observer son fonctionnement, d’analyser les difficultés rencontrées et ce qui peut être amélioré. Nous avons également des partenaires institutionnels, tels que le ministère de la Transition écologique, l’Institut technologique FCBA et l’ADEME. Nous travaillons main dans la main avec ces acteurs, qui poussent fortement à la mise en place de cet éco-score.
Feat-Y : Quel mobilier est concerné ?
G.G. : Le bon fonctionnement de cet éco-score exige que les différents objets puissent être assez nombreux pour être comparés les uns aux autres. Au début, nous allons donc nous concentrer sur le mobilier le plus courant (chaise, table, étagère, armoire, etc.). À terme, l’éco-score s’adressera àtous types de mobilier neuf.
Feat-Y : Qu’attendez-vous de ce financement participatif ?
G.G. : Atteindre au moins le deuxième palier (15 000 €) est essentiel pour nous, car il nous permettrait d’intégrer le capital humain et la connaissance technique en finançant le recrutement d’une ingénieure pour le mois de septembre.
Feat-Y : Avez-vous un calendrier pour le lancement de l’éco-score ?
G.G. : Dès septembre-octobre 2021, nous allons éditer un premier éco-score, basé sur l’auto-déclaration. Il n’y aura pas encore d’analyse complète du cycle de vie, mais il sera tout aussi important pour guider les consommateurs dans leurs achats. Nos premières simulations nous ont en effet montré que 60 % de l’impact environnemental d’un meuble se joue durant la conception, c’est-à-dire lors du choix de la matière et sur le lieu de fabrication.
Nous allons donc mettre en place une charte de sélection, pour décerner des notes estimatives. L’éco-score et ses analyses devraient ensuite être lancés d’ici janvier 2022.
Propos recueillis par Mélanie DOMERGUE
Infos :
Pour soutenir le financement participatif : https://www.kisskissbankbank.com/fr/projects/eco-score-mobilier