L’artiste Daniel Arsham ne cesse de s’interroger sur le temps à travers un travail protéiforme, jonglant avec élégance entre sculpture, dessin, installation, peinture et vidéo. Entre ultra réalisme et esthétique du dépérissement, les œuvres de l’artiste américain touchent autant qu’elles interrogent… 

Né en 1980 à Cleveland dans l’Ohio, Daniel Arsham grandit en Floride où, enfant, il est le témoin de l’ouragan Andrew qui ravagera la maison familiale. La messe est dite. Le monde est fragile, les temps incertains. Mais comment l’exprimer via le prisme de l’art ? Pour Daniel Arsham, cela passera par une archéologie fictionnelle, à savoir des objets aussi basiques qu’une console de jeu ou une casquette de base-ball transformés en fossiles du futur. Des sculptures ultra réalistes composées de matières rares avec en point d’orgue la reproduction érodée et grandeur nature de la voiture de Retour vers le futur. Derrière l’aspect ludique et néo pop art de la série Future Relic, l’artiste nous interpelle et s’interroge sur la perception de notre époque par les futures générations. Et quand il ne lorgne pas sur le présent pour construire son archéologie de demain, Daniel Arsham revisite le passé, et notamment l’Antiquité. Ainsi, Moonraker réunit une série de sculptures inspirées des civilisations anciennes. On y retrouve la Vénus d’Arles, un Bouddha, un buste d’Hercule… Un travail qui commence par la conception des moulages avant que l’artiste ne les détériore tel le temps qui passe. Puis, vient le moment de panser les plaies grâce à l’utilisation de plâtres minéraux, de cristal, de géode de quartz ou de calcite bleu. Des matières qui bien évidemment n’étaient pas utilisées pas à l’époque de la conception de ces sculptures antiques. Résultat, les effets du temps ne semblent plus être une fatalité, les ruines renaissent, elles sont sublimées et finissent par plonger le spectateur dans un non-temps vertigineux. 

https://www.danielarsham.com/

Par David Xoual