Distingué au dernier festival de Sundance, le documentaire du réalisateur Benjamin Ree revient sur l’incroyable rencontre entre l’artiste Barbora Kysilkova et l’homme qui lui a volé deux tableaux. Un pur moment de cinéma-vérité, aussi dérangeant que fascinant.

Tout commence par un vol de tableaux à la Galleri Nobel à Oslo. Sur l’écran de surveillance, deux Pieds Nickelés s’emparent des œuvres de l’artiste d’origine tchèque Barbora Kysilkova. On dirait le premier épisode d’une mauvaise série made in Netflix. C’est sans compter le talent du réalisateur norvégien Benjamin Ree, déjà connu pour son documentaire Magnus sur un prodige des échecs. Mais, revenons à nos héroïnomanes cambrioleurs. L’un d’eux est rapidement arrêté. Il s’appelle Karl-Bertil Nordland. Entre deux shoots, il vivote dans les bas-fonds d’Oslo. L’artiste décide de le rencontrer. Elle lui tire le portrait à défaut des vers du nez. La peintre semble fascinée par cet écorché vif tandis que le bad boy nordique sort de sa coquille émaillée de tatouages et de cicatrices. Un coup de foudre platonique et un coup de maitre pour le réalisateur qui a découvert l’histoire dans les journaux locaux. A l’origine, Benjamin Ree s’était imaginé un court-métrage d’une dizaine de minutes. Il finira par suivre cette étrange relation pendant trois années. Résultat, un documentaire étonnant et sensible où l’on suit les hauts et les bas de cette amitié naissante. Un clair-obscur tout en tension sans pour autant sombrer dans les cliffhangers aseptisés des plateformes. 1h40 d’humanité loin de tout manichéisme et de pathos. 

La Peintre et le voleur, Benjamin Ree

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David Xoual