Thon Mayo. Non, ce n’est pas une suggestion pour votre prochain repas ! Derrière ce nom se trouvent Eva May Chan et Palmyre Leleu, tatoueuses de vêtements. Leur projet, donner une nouvelle vie aux vêtements vintage et aux vêtements de seconde main en les brodant. Leur crowdfunding se termine ce samedi 7 novembre et leur a déjà permis de récolter 10 000 euros.

Feat-Y : Comment vous êtes-vous rencontrées ?

Eva May Chan : Palmyre et moi sommes amies depuis cinq ans. On a le même parcours : on a fait des études de mode, de communication visuelle et de graphisme. On a des tonnes de passions en commun, comme la mode, l’illustration et le vintage. La broderie nous a reliées. Je n’en faisais pas, mais Palmyre la pratique depuis toute petite, grâce à sa grand-mère et sa mère.

Feat-Y : L’idée était donc de partager une nouvelle activité ensemble. Qu’est-ce qui vous a donné envie de créer une entreprise ?

E.MC. : Il y a deux ans, j’étais cheffe de projet dans une maison d’édition pour enfants, mais je rêvais d’avoir une friperie en ligne et inclusive : des petites et grandes tailles, avec une sélection pop et moderne, non genrée. De son côté, Palmyre brodait ses propres illustrations sur des tee-shirts, qu’elle vendait ensuite sur le site Etsy. Nos envies étaient complémentaires, alors on a décidé de réunir nos deux univers.

Feat-Y : Pourquoi « Thon Mayo » ?

E.MC. : Au début, c’était une blague. Plus on s’organisait des réunions pour trouver un nom, plus on revenait sur celui de « Thon Mayo », pour rire. Et puis, on s’est dit qu’il nous correspondait : il est drôle, il a un petit côté « culture populaire » et il reste très bien en tête ! 

Feat-Y : Est-ce que ça fonctionnera comme dans un salon de tatouage ?

E.MC. : Oui ! On a créé un catalogue d’illustrations, parmi lesquelles les clients et clientes sélectionneront ce qu’ils veulent. Ils pourront les faire broder à la demande, soit sur des vêtements de seconde main (proposés sur le site), soit sur leurs propres vêtements, lors d’événements en direct. On aura également un catalogue de typographies.

Feat-Y : Thon Mayo n’a donc pas seulement vocation à être un e-shop !

E.MC. : Non ! On se déplacera tous les week-ends, pour participer à des événements, comme des marchés de créateurs, des vide-dressings, des festivals, des pop-up stores, etc. Ce sera dans un premier temps autour de Lille, Paris et Bruxelles.

Feat-Y : Vous réalisez vous-même les illustrations : avez-vous des thèmes de prédilection ?

E.MC. : Beaucoup de choses nous inspirent ! Il y a de l’astrologie, des objets kitsch des années 90, des punchlines de rap français, des références à la pop culture… En ce moment, on travaille sur le football. Il est peu représenté dans des collections faites par des femmes. Or, on veut montrer qu’elles peuvent aussi s’intéresser au foot ! Par ailleurs, on aimerait proposer des messages engagés, sur des questions de société, comme le féminisme, entre autres. On compte demander l’avis des personnes intéressées pour savoir ce qu’elles souhaiteraient !

Feat-Y : Quels sont les retours ?

E.MC. : Les gens veulent des choses qui leur ressemblent, qui durent et sont éthiques. Même avant le lancement de Thon Mayo, on se sent déjà proches de notre communauté. Il y a une bienveillance qui nous fait vraiment plaisir !

Feat-Y : Pensez-vous qu’il y a une génération plus réceptive à un projet comme celui-là ?

E.MC. : Il y en a plusieurs ! Je vois des initiatives comme des ressourceries ou des commerces en vrac proposés par des personnes âgées d’une quarantaine d’années. J’ai 30 ans, et je trouve que ma génération est plus sensibilisée aux problèmes écologiques. On évolue avec internet depuis un moment, alors c’est plus facile de se forger une opinion ou de se tenir au courant. Pour moi, celle des 18-20 ans est incroyable : je les trouve très militants et engagés. J’ai aussi confiance dans les générations à venir.

Feat-Y : Nous entamons un deuxième confinement. Est-ce que votre calendrier est modifié ?

E.MC. : Tout est un peu en stand-by, nous devons attendre avant d’aller acheter la machine financée par le crowdfunding, puisque nous ne pouvons pas nous rendre chez les fournisseurs. Ce confinement est l’occasion de trouver des moyens différents de communiquer. On a par exemple demandé à notre communauté si elle était intéressée par des lives ou des tutos. Comme beaucoup de petites entreprises, c’est difficile de se projeter, mais on est plutôt sereines et on espère toujours se lancer en janvier 2021 !

Propos recueillis par Mélanie Domergue

Plus d’infos :

Pour accéder au crowdfunding : https://www.kisskissbankbank.com/fr/projects/thon-mayo-tatouage-de-vetements

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