Les fêtes approchent ! Les bouteilles de vin seront sans doute présentes à votre table. Oui, mais après ? À Bordeaux, Thomas Pinet s’est questionné sur leur devenir et a fondé Septembres. L’entreprise offre une seconde vie aux bouteilles de vin en les transformant en objets de décoration : lampes, verres, bougies et grands vases.

Feat-Y : Racontez-nous l’histoire de Septembres !

Thomas Pinet : La commercialisation de Septembres a débuté en novembre 2019. Je récupère des anciennes bouteilles de vin, que je transforme en objets de décoration. Des marques le font déjà, mais avec une seule partie de la bouteille. Personne n’utilise le haut : ça m’a intrigué, alors j’ai réfléchi à ce qui pourrait être créé. C’est ainsi que m’est venue l’idée des lampes ! Ensuite, je me suis demandé ce que j’allais faire du bas, et j’ai imaginé les verres à tapas. Dès que je pense à un produit, je me questionne toujours sur ce que deviennent le haut et le bas de la bouteille !

Feat-Y : Pourquoi upcycler ce produit ?

T.P. : J’aime le vin, et je trouve qu’une bouteille dans sa caisse en bois est un bel objet. Je me suis renseigné sur ce que deviennent ces bouteilles une fois vides et mises à la benne. Les couleurs de verre sont triées, puis les bouteilles sont fondues à plus de 1 000 degrés pour être recyclées. Cela rejette beaucoup de CO2. À mon échelle, j’ai voulu essayer de réduire cet impact-là, en prolongeant la durée de vie de ce produit. Il s’est écoulé plus d’un an entre mon intérêt pour le devenir des bouteilles et le prototype. D’ailleurs, il ne ressemblait pas du tout à ce qu’est la lampe aujourd’hui !

  

Feat-Y : Quel est le processus ?

T.P. : Je souhaitais utiliser la bouteille dans son ensemble. Je m’occupe de tout : les découpes avec une scie diamant, le ponçage et la mise en carton. L’entreprise bordelaise Pic’Verre récolte les bouteilles en triporteur, chez les particuliers et les professionnels. Leur but est de les nettoyer pour les remettre en circulation. Pic’Verre pèse aussi les bouteilles, alors cela me permet de standardiser davantage mes produits, et de travailler avec des bouteilles qui font entre 450 et 550 grammes. En dessous de 400 grammes, elles se cassent trop facilement.

Feat-Y : Pourquoi avoir choisi le nom « Septembres » ?

T.P. : Il y a bien sûr un clin d’œil à la période des vendanges. L’idée a émergé en septembre, et le prototype initial a été conçu au mois de septembre suivant. Il y a donc un lien personnel avec septembre. Je me suis aussi demandé ce que représentait ce mois pour les Français. À cette époque de l’année, les gens font des résolutions. C’est un mois « feel good », chacun peut y voir ce qu’il veut : voilà pourquoi j’ai mis un « s » à la fin.

Feat-Y : D’où vient votre inspiration pour créer ces objets déco ?

T.P. : Tout part de bribes d’idées, puis on les teste. J’ai beaucoup fonctionné par essais/erreurs. J’ai des moments de réflexion dans des endroits assez insolites : quand je couche mon fils, sous la douche, dans la voiture…

Feat-Y : Produire localement est important pour vous. 

T.P. : Oui ! Je travaille avec un entrepôt logistique sur Bordeaux, qui s’occupe de toutes les expéditions. 80 % de mes fournisseurs sont en Nouvelle-Aquitaine. Les caisses en bois viennent de Bergerac, les pièces en aluminium sont prises près de Bordeaux et les packagings des lampes en carton sont imprimés et réalisés dans le Médoc. D’ailleurs, la personne qui crée les bougies est basée dans le Médoc. Les étiquettes des bougies sont imprimées dans cette même région et les capuchons en bois des bougies sont conçus sur le bassin d’Arcachon. Seuls les câbles et les douilles ne viennent pas de France : ils sont faits en Italie, à Turin.

Feat-Y : Vous tenez également à soutenir des actions sociales et solidaires.

T.P. : Oui ! Lors de ma campagne de crowfunding, j’ai reversé 5 % de l’argent récolté à La Cravate Solidaire, une association qui gomme toute forme de discrimination liée à l’emploi. Les bénévoles récupèrent des vêtements de travail ou des costumes auprès d’enseignes, pour permettre aux candidats d’avoir la meilleure tenue possible lors de l’entretien. Ils font également un coaching pour préparer à l’entretien. Par ailleurs, je choisis mes fournisseurs en travaillant avec des ESAT, des établissements de service et d’aide par le travail.

Feat-Y : Comment avez-vous développé votre conscience écologique ?

T.P. : Elle est venue au fur et à mesure de la curiosité pour le projet. Je suis d’abord parti sur l’idée d’une lampe, puis j’ai réalisé que c’était encore assez énergivore, alors je suis allé plus loin, en créant le bas de la bouteille pour faire les verres. J’ai poursuivi ma réflexion quand j’ai dû me décider pour le packaging [qui peut se transformer en mangeoire pour oiseaux ou en suspensoir pour fleurs d’intérieur, N.D.L.R.] et l’emplacement des producteurs.

Feat-Y : Quelle est votre actualité ?

T.P. : À partir du vendredi 4 décembre, je serai aux Galeries Lafayette de Bordeaux, pendant 15 jours. Je suis en train de développer des verres à eau. Avec les parties hautes, je vais découper juste au niveau du goulot pour en faire des photophores. Je vais aussi couper les goulots en deux pour en faire des repose couverts. Plus tard, on aimerait proposer les lampes en format Magnum.

Feat-Y : Comptez-vous upcycler un autre produit ?

T.P. : D’ici deux à trois ans, oui ! On peut faire du cuir avec les déchets des raisins des vignerons. Pourquoi ne pas créer une gamme de maroquinerie ! Je n’exclus pas d’aller un peu plus loin avec les vignerons : leur demander quel est leur plus gros déchet, et essayer de trouver comment le réutiliser… Il y a aussi énormément d’huîtres dans la région, il y a peut-être quelque chose à faire avec la coquille.

Propos recueillis par Mélanie Domergue

Infos :

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