Voici Jérémy, il est fromager-charcutier. Il tient un stand dans les marchés avec son frère à Paris. 

Son cas est celui de beaucoup d’artisans, d’indépendants. C’est un exemple parmi tant d’autres. Le témoignage d’un individu qui participe au bien de notre quotidien. 

Voici son histoire : 

Je m’appelle Jérémy, Charcutier Fromager, Je travaille sur les marchés de Paris (12e et 13e)

 On a un partenariat avec un autre charcutier qui nous fait les plats préparés, mais pas de boutique. On se fournit essentiellement à Rungis et dans des coopératives. 

Nous avons appris la nouvelle des fermetures des marchés à la télé comme tout le monde (il rit) !!! 1 heure après les « placiers » des marchés, nous ont appelé pour nous confirmer ce que l’on avait déjà entendu à la télé. C’était un peu un coup de massue le soir même. Et dès le lendemain, c’était la course : on a réactivé les réseaux sociaux, adresse mail, mise à jour de nos coordonnées, on a créé des petites brochures pour les distribuer et on a fait le tour des marchés qu’on faisait auprès des commerçants fixes pour se faire connaître des usagers pris de court aussi.

C’est comme ça que je me suis retrouvé avec un petit stand chez le fleuriste qui lui s’est transformé en primeur  bio, comme chacun d’entre nous, Il a dû se retourner rapidement. Il nous a permis d’avoir un point fixe, ce qui est mieux que rien, car rien, c’est zéro. Maintenant mon frère est en livraison toute la journée et moi, je suis en fixe ici. C’est là que tout se complique, on n’a pas eu le temps de prévenir les clients, tout s’est arrêté brusquement du lundi au mardi. Ils auraient pu mettre en place un confinement avec un délai d’une semaine pour se préparer : qu’on prévienne les clients et qu’on s’organise, il y aurait eu beaucoup plus d’artisans qui travaillent maintenant avec des commandes et des livraisons en tout cas. Par rapport au contexte, je suis satisfait de ce qu’on a pu mettre en place, on ne peut pas faire mieux de toute façon, Tout ceux qui ont pu, ils se sont mis à la livraison donc ce qu’il nous fallait, c’était autant une visibilité physique que virtuel ! Il fallait agir vite et de manière efficace.

Tout le monde n’a pas pu trouver de solutions alternatives, je connais des commerçants qui sont chez eux et qui font zéro. On n’est pas exonéré de tout : il y a des charges qui ne sont pas prises en charge sans faire de jeu de mots, et que nous devons continuer à payer! Confinement ou pas, si tu as des crédits ou des frigos à payer par exemple, les banques n’attendent pas. Donc si tu ne travailles pas, tu prends dans ta trésorerie perso. Chaque jour, on s’installe et on ne sait pas si on va prendre une amende ou pas, si on va nous demander de partir ou pas. . C’est compliqué car on est « au front » comme les employés des  hypermarchés, le contexte est exceptionnel, personne n’a jamais connu ça.

Au niveau de ma santé, travaillant déjà toute l’année dehors, peu importe les intempéries, je pense avoir un système immunitaire plus solide. De plus on est à une distance d‘un mètre : on a le stand qui nous sépare, les masques on en trouve pas donc s’est réglé, les gants j’en avais déjà en réserve. C’est important de prendre ce risque, pour notre entreprise et pour les gens. Certaines personnes ne sont pas sur Internet ou n’ont pas le réflexe d’aller voir les réseaux sociaux. Cela fait plus 2 semaines que je suis là et je peux voir que l’information circule : par exemple une cliente qui était contente de nous retrouver grâce à sa voisine qui a transmit la nouvelle, certains s’informent par le “bouche à oreille” (ancêtre d’internet)!

Plutôt que de faire la queue dans des grandes surfaces pour de la viandes ou du fromages sous plastiques en plus du papier toilette, ils retrouvent un commerçant qu’ils connaissent. Et d’autres découvrent notre existence parce qu’ils ne faisaient pas le marché. Certaines personnes ont besoin de ce contact humain ; des clients nous remercient tous les jours de continuer à travailler.

On fait des produits de meilleurs qualités, les arrivages sont réguliers, on a de la fraîcheur …S’il faut que j’aille vendre du papier toilette pour travailler, pas de problème hein ! Ça ne me dérange pas (il rit), mais bon laissez nous travailler quoi.

Ces artisans n’auront jamais la même force de frappe que de grands groupes, mais ils résistent, ils se battent contre vents et marées pour nous proposer une alternative. Changer notre mode de consommation : c’est valoriser leurs savoir-faire, faire du bien à notre corps, avec des produits de meilleurs qualités et remettre l’humain au centre de nos préoccupations. Ce n’est pas la lutte final, juste la naissance d’une nouvelle prise de conscience.

SON ACCORDS FROMAGE/VIN/MUSIQUE : Une Tomme de chèvre vieille avec un bon pinot noir en écoutant « Deep in the Bottom » de Black Coffee.

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