Par David Xoual
Longtemps relégué au second plan (si ce n’est plus) – hormis quelques figures comme Malick Sidibé -, l’art contemporain africain n’en finit plus de séduire les collectionneurs et les esthètes de la planète. Une renaissance et un engouement portés par une nouvelle génération de galeristes et de curateurs qui veulent se réapproprier leurs histoires et leur patrimoine. Une scène artistique foisonnante et éclectique mise en lumière par la foire Akaa (Also Known as Africa) qui a tenu sa 8ème édition au Carreau du Temps à Paris…
37 galeries, 40 exposants et 120 artistes ont investi le Carreau du Temple pour rendre compte et célébrer l’art contemporain africain. Des artistes originaires d’Afrique ou des diasporas, une diversité XXL pour le continent noir qui a décidé de prendre son destin et sa représentation en main. D’où une large part consacrée à la figuration, afin de rendre corps et cœur à une imagerie malheureusement monopolisée par le regard des occidentaux. Parmi les belles surprises et les artistes à suivre, commençons par l’installation du Jamaïcain Cosmo Whyte, soit un rideau perlé représentant l’identité afro-américaine malmenée par la suprématie blanche. Une œuvre monumentale en forme d’expérience contemplative et immersive que le visiteur a pu admirer et traverser. Citons également le collectif camerounais Talents 237 imaginé par Bandjoun Station et l’Institut français de Doula avec notamment William Bakaimo et son bestiaire onirique, le plasticien Roméo Temwa qui s’attaque aux mécanismes de manipulation des médias. Côté photographie, l’œuvre du jeune Sud-Africain Sibusiso Bheka est une véritable claque, une exploration nocturne des townships à la limite du réel, entre rêve et tranches de vie. Enfin, la galerie marocaine MCC faisait ses grands débuts à Paris et en a profité pour présenter le travail d’Amine El Gotaibi et en particulier le grand format Désert de Laine. Un artiste protéiforme et prometteur s’inspirant des traditions et de l’artisanat local pour tisser une réflexion socio-historique sur le Maroc et l’Afrique. Peinture, sculpture, photo, vidéo, installation, céramique, textile… la jeune scène artistique africaine ne manque pas de ressources et de talents. Bonne nouvelle !
