Disparu en 2016, le sculpteur sénégalais est revenu sur le devant de la scène bien malgré lui. La faute à deux crétins, étudiants et anciens du Rassemblement National, qui ont eu la bonne idée de blanchir la sculpture de Victor Hugo imaginée par Ousmane Sow dans la ville de Besançon… L’occasion de revenir sur l’histoire et l’œuvre d’un artiste pudique et atypique.
Avant de recevoir les honneurs de l’Académie des Beaux-Arts, Ousmane Sow a connu la misère, celle de Reubeuss, l’un des quartiers pauvres de Dakar. Né en 1935, le garçon voue une passion sans faille à la sculpture depuis son enfance. C’est à l’école primaire qu’il conçoit ses premières œuvres comme un petit marin taillé dans du calcaire que l’instituteur décide d’exposer sur l’armoire de la classe. A la mort de son père, Ousmane Sow quitte Dakar et son cher Sénégal malgré son amour pour sa terre natale et sa mère. Direction Paris où entre deux petits boulots il se forme au métier de kinésithérapeute. Diplôme en poche, le kiné apprenti artiste soigne ses patients la journée, et sculpte la nuit dans son cabinet de curiosités. Il filme parfois de petites statuettes qu’il anime grâce à sa caméra à manivelle Pathé. Un artiste discret qui ne dévoilera ses œuvres au public qu’à l’âge de 50 ans. Il s’agira des Nouba, soit une série de sculptures consacrées à cette ethnie réputée pour ses combats de lutteurs. Suivront la série des Masaï, des Zoulou et des Peulh. Des sculptures d’hommes en action, prêts au combat conçus à partir d’une matière propre à Sow, soit un agglomérat de produits et de substances qu’il laisse macérer pendant plusieurs années. Une matière unique qu’il applique ensuite sur une ossature composée de fer, de paille et de jute. Après avoir fait l’objet de nombreuses expositions, Ousmane Sow voit ses œuvres présentées sur le pont des Arts en 1999. Outre les séries africaines, le public parisien peut admirer la Bataille de Little Big Horn. Une œuvre monumentale en hommage à la dernière victoire amérindienne sur les troupes américaines. Si vous passez du côté de Dakar où l’artiste termina sa vie, passage obligé dans sa maison ouverte au public.


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