Par David Xoual

Le chantre de l’instantané littéraire et du minimalisme positif revient avec New York sans New York. Ou comment Philippe Delerm s’improvise en guide touristique d’une ville qu’il n’a jamais visité. Un petit morceau de bravoure et d’imposture…
L’auteur de La Première Gorgée de bière et autres plaisirs minuscules a toujours refusé d’aller à New York car dans sa petite tête, une idée de livre rangée dans un tiroir depuis belle lurette : raconter New York sans y foutre les pieds. Delerm a enfin exhaussé son vœu en 2022. Soit 200 pages et une dizaine de chapitres où il est question de gratte-ciel, Woody Allen, Bob Dylan, de neige, de graffiti et de Dickens. Tout commence par une image punaisée dans la salle de classe du petit Philippe quand il est en CE2. Une photo de gratte-ciel de New York qu’il retrouvera des années plus tard dans une brocante. Ou bien est-ce un nouveau tour de passe-passe pour le poète immobile qui, tout en enchainant les clichés, réinvente et cristallise la Ville, celle qui ne dort jamais, pour Delerm. Erreur. Si, New York s’endort. Mais, elle se lève tôt. Le lecteur pardonnera ses poncifs et stéréotypes tant Delerm sait nous charmer, nous envelopper dans l’ambiance ouatée d’un hiver new-yorkais. Puis, il y a cette poésie précieuse, cette langue précise, ces mots qu’il faut sans cesse répéter comme un mantra : skyline, skyline… Et surtout, des anecdotes savoureuses, des instants mythiques comme celui du concert de Simon and Garfunkel à Central Park… Ou bien encore l’histoire derrière la photographie de Thomas Hoepker où l’on voit un groupe de jeunes insouciants tandis que les tours s’effondrent en arrière-plan. Malicieux, Delerm rappelle qu’il se méfier des images et de ce qu’on leur fait dire. Delerm est un menteur, bonimenteur qui aime New York et ses lecteurs.


New York sans New York, Philippe Delerm, éditions Seuil