Par David Xoual

Après avoir illuminé le théâtre du Rond-Point, Marc Fraize embarque sa perruque et sa robe verte aux quatre coins de la France. A rebours du stand-up et de ses avatars sans imagination, Marc Fraize déploie un univers poétique, entre rires et réflexion…
Cela débute par un long câble de micro que Madame fraize se démène à dérouler. Puis, il y a ces gants qu’il faut enlever – comme ça, non, oui voilà, mais non, reprenons -, le verre d’eau à remplir avec cette cruche qui semble intarissable. Madame Fraize n’a toujours pas parlé, simplement évolué avec cette grâce et cet art de la pantomime qui ne tient qu’à elle ou à lui. Déguisé en femme d’un autre temps, Marc Fraize brouille les genres et les pistes, alterne le Il et le Elle. Dans le public, les rires se font entendre. Difficile d’expliquer ce spectacle si ce n’est que la tendresse ne se dépare jamais d’une certaine absurdité et d’une approche de la vie sous le prisme de la poésie. Dans sa robe verte, Madame Fraize est tour à tour une épouse, une enfant, un homme, un copain qui s’émerveille de la voiture d’un ami équipé de 8 capteurs de recul. Une blague répétée jusqu’à plus soif, et des spectateurs pliés en quatre sur leurs strapontins. Après le succès de son Monsieur Fraize, archétype de l’homme moderne, isolé et solitaire, le comédien voulait quelque chose d’aérien, rayonnant, positif. Au cynisme ambiant, Madame Fraize répond par l’amour, la vie de couple, faite de petits riens à l’image de ce cerf-volant qu’il convient de ressortir de la malle aux souvenirs. Un cerf-volant, des capteurs de recul, une cruche, des gants… Marc Fraize sublime le quotidien comme personne, insuffle aux détails et aux objets une loufoquerie désarmante de vérité.

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