Auteur engagé, Didier Daeninckx manie le roman noir et social comme personne. Un porteur d’histoires et de mémoire qui, au fil de son œuvre, nous invite à découvrir les anonymes du prolétariat, les oubliés des livres scolaires, la solidarité d’une banlieue disparue sous le prisme de la fiction documentée. Dans Le roman noir de l’Histoire, l’auteur de Saint-Denis regroupe 77 nouvelles retraçant plus d’un siècle et demi des soubresauts de la France. C’est par l’un de ses amis que Didier Daeninckx se rend compte que tout ce qu’il avait écrit, et notamment ses nouvelles, « racontait cent cinquante ans de l’histoire de France. » Un premier signe. Puis, c’est son éditeur, qui lui demande un texte pour les 40 ans des éditions Verdier.
Didier Daeninckx leur propose Le roman noir de l’Histoire, soit 77 nouvelles regroupées par ordre chronologique courant de 1855 à 2030 avec Les Boueux de l’espace en guise de point final. Comme à son habitude, l’auteur de Cannibale (roman sur l’Exposition coloniale de 1931 à Paris) mêle fiction et Histoire pour nous raconter un autre monde, celui des chemins de traverse. Des idéaux de la Commune au fascisme en passant par la guerre d’Espagne, 1 500 000 signes et presque autant d’anecdotes où il est question de lutte, de trahison, de solidarité, d’utopies bafouées. Parmi ces petits bijoux de papier et de style, citons la nouvelle mettant en scène un Victor Hugo contrebandier qui s’emploie à faire passer ses livres interdits sous Napoléon III, l’histoire de Fatima, victime du massacre de Charonne en 1962… On retrouve également un footballeur tunisien face à la montée du nazisme, des Gitans belges, une œuvre de Banksy confrontée aux sorts des migrants, un échange épistolaire entre deux professeurs envoyés dans les colonies. Des destins et des vies mineures sublimés par l’écriture ciselée d’un artisan des mots.
Le roman noir de l’Histoire, Didier Daeninckx, éditions Verdier
Par David Xoual