A 75 piges, John Waters n’a rien perdu de sa verve et de son humour corrosif où les tenants des bonnes mœurs et de la bien-pensance sont éparpillés façon puzzle. Dans ses mémoires intitulés M. Je sais-tout, conseils d’un vieux dégueulasse, le cinéaste underground revient sur son parcours en s’adressant aux nouvelles générations. Scénariste, réalisateur, acteur, écrivain, artiste… John Waters est un touche-à-tout sorti des méandres de l’underground. Aujourd’hui, il s’étonne de la légitimité qu’on lui accorde. « Bizarrement, je suis devenu quelqu’un de respectable. Je me demande bien comment. Le dernier film que j’ai réalisé s’est fait descendre par la critique et a été interdit aux moins de dix-sept ans. Six de mes contacts personnels ont été condamnés à la réclusion à perpétuité… » Un musée a même acquis l’une de ses œuvres d’art pour sa collection permanente.
L’œuvre en question ? Douze trous de balle et un pied sale. John Waters semble surpris, mais aussi très heureux, lui qui a toujours voulu être commercial. Un mot pas si vilain si on y ajoute un zeste de fantaisie, selon le réalisateur de Cry-Baby avec Johnny Depp et du mythique Hairspray. Dans ses mémoires, John Waters revient sur ces tournages abracadabrantesques qu’il a dû mener. Parmi eux, citons Pink Flamingos en 1972 qui sera projeté en odorama où chaque spectateur se voit attribué une carte à gratter et à sentir pendant le film. Odeur de vomi, de pet… Le ton est donné. Puis, il mettra en scène Kathleen Turner en maman tueuse dans Serial Mother. Transgenre, travelo, lesbiennes, gays, obèses, John Waters met en scène la foule des minorités, des gens en marge, les bêtes de foire. Il les aime, les sublime. Entre deux conseils à la nouvelle génération et une anecdote scabreuse, John Waters livre également ses impressions hilarantes sur le transport aérien, les hôtels… Puis, se demande si ça ne serait pas une bonne idée de reprendre de la drogue à 70 ans. Après avoir trouvé le matos, il réunit quelques amis pour un trip coquillages et LSD. Bonnes rentrée!
M. Je-sais-tout, John Waters, Actes Sud
Par David Xoual
