Porté par des évolutions toujours plus éclairantes, le monde de la mode garde pourtant sa place parmi les industries les plus polluantes du monde. Et pour cause : on n’améliore pas un système établi en quelques années. Mais au gré des initiatives positives, l’espoir est permis, et le cuir vegan fait partie de ces innovations prometteuses.
En effet, si l’industrie du cuir fait partie des modes de productions les plus impactants sur la planète, il convient désormais de réfléchir à des alternatives. Plus d’éthique, moins de cruauté animale, le tout sans dénigrer la qualité ! L’équilibre est mince lorsqu’il s’agit de construire le futur de la mode responsable. C’est dans cette optique que le cuir vegan trouve sa place, et permet de reconstruire des habitudes de consommation en termes de mode. Une matière pleine de promesses, dont il convient de faire un petit tour d’horizon pour en maîtriser les contours !
Le cuir vegan, qu’est-ce que c’est ?
Pour bien parler du cuir vegan, il convient d’abord d’énoncer une vérité : le cuir vegan, ça n’existe pas ! En effet, il s’agit tout simplement là d’une formule, marquant dans l’esprit l’intérêt d’utiliser d’autres matières que des matières animales pour produire nos sacs. Car accoler deux termes comme « cuir » et « vegan » est tout simplement un oxymore, et l’association des deux est, par définition, impossible. De fait, le cuir étant une matière animale, son appellation est réglementé par le code de la consommation Française. Il n’est donc pas possible que du cuir vegan existe, et le marketing a un petit rôle à jouer là-dedans.
Certaines marques s’emparent donc du label vegan pour mettre en relief une autre matière que le cuir, tout en y ressemblant (plus ou moins fortement). Un produit « vegan » est, selon l’éclairage anglais, un produit dont la dimension militante de protection et de défense des droits des animaux est avérée. En toute logique, un produit en cuir vegan est un produit dont la fabrication n’a participé en rien à l’exploitation d’animaux, et qui n’est, tout simplement, pas du cuir.
Par ailleurs, il faut bien distinguer le cuir vegan et le cuir végétal. Ce dernier est une forme de transformation du cuir, appuyée par des tannins végétaux. Un cuir végétal est un cuir animal, attention aux confusions !
Il n’en reste pas moins que « cuir vegan » reste un mot valise, dont l’intérêt réside dans l’apparence qu’il porte, associée à la fabrication en accord avec les principes vegan.
Un monde où tout est à inventer et où, de ce fait, tout commence à l’être !
Les différents cuirs vegan
Désormais, les contours du cuir vegan sont mieux tracés, mais la question du matériau peut légitimement être posée. C’est dans cette perspective que le monde de la mode n’a de cesse de se réinventer, de proposer des fibres toujours plus innovantes, quitte à révolutionner nos comportements.
Le cuir vegan peut tout à fait être composé de matières synthétiques recyclées, telles que le PVC (ou Skai), ou encore le Lorica. Bien souvent, ce « simili-cuir » est produit à partir de fibres synthétiques emprisonnées dans une résine (quelquefois, du pétrole). Le point d’attention ici réside, pour le/la consommateur.ice, de vérifier que le produit n’a été ni conçu, ni testé sur les animaux. Car c’est possible !
Mais ce sont avant toute chose les matières végétales qui retiennent l’attention de la consommation aujourd’hui, lorsqu’il s’agit de cuir vegan. La raison ? Elles sont novatrices, écologiques, et très prometteuses ! Parmi les cuir vegan issus des végétaux les plus courants, on retrouve ainsi :
– Le Piñatex (cuir d’ananas) : développé par la Docteure Carmen Hijosa, cette matière est fabriquée à base de feuilles d’ananas, que l’on a coutume de jeter. L’idée ? Remplacer plus de 50% de la production globale de cuir animal, sans avoir à planter le moindre ananas. Inspiré par un vêtement traditionnel philippin, le Piñatex est une matière souple, résistante, et biodégradable (pas à 100% !). Un impact environnemental limité, une ressemblance avec le cuir, il n’en fallait pas plus pour nous intéresser !
– L’Apple Skin (cuir de pomme) : De l’anglais « peau de pomme », il semblerait que tout soit dit ! Ce cuir est, en effet, formé à partir de fibres de fruits recyclés, pour une production la plus écologique possible, et 100% végane. Concrètement, il s’agit là de récupérer la peau des pommes, puis de la sécher, et de la réduire en poudre, avant de la coaguler et de l’enduire (notamment avec du polyuréthane). Le résultat est celui d’un cuir animal, dont les propriétés sont similaires, mais l’impact, bien différent.
– Le Muskin : Fabriqué à base de têtes de champignons, le Muskin est une matière biodégradable et non toxique, dont le rendu est proche de celui du daim. Son petit supplément d’âme ? Il ne conserve pas l’humidité et peut, de ce fait, très bien s’adapter aussi bien aux sacs qu’aux semelles de chaussures. Une certaine idée du bonheur vegan !
– Le cuir d’eucalyptus : Créé en 2014 par un entrepreneur allemand, le cuir d’eucalyptus est conçu à pâtir des feuilles d’eucalyptus, achetées à des agriculteurs. Il a cet avantage d’être très résistant, et garantit sans pesticides. Concernant les zones d’ombre, le cuir d’eucalyptus est encore assez peu répandu, mais plein de promesses !
– Le cuir de raisin : Utilisé par des marques comme Veja, le cuir de raisin est, selon toute logique, une matière élaborée à partir des déchets du raisin. Autrement dit, le marc de raisin. Peau, tiges, pépins, tout ceci se mélange, afin de former une matière semblable au cuir animal. Entre résistance et esthétisme, le cuir de raisin est peut-être l’avenir du cuir vegan.
Les limites du cuir vegan
Si on retrouve d’autres types de cuir vegan au fil des années, il faut bien avoir l’esprit que le cuir vegan peut aussi être un argument de vente, et ne pas toujours respecter le cahier des charges d’une telle matière. Il est donc capital de savoir repérer les logos tels que “PETA-approved vegan”, “animal-friendly”, ou encore “The Vegan Society ». Ces labels permettent de garantir que les produits n’ont pas eu de lien, de près ou de loin, avec l’exploitation animale.
Thomas Louis