Alexandre Lucas : « C’est pour montrer qu’une autre mode est possible »

Des chaussettes éco-responsables et made in France ? C’est la ligne défendue par Alexandre Lucas, fondateur d’Estampille, une marque de chaussettes recyclées lancée il y a un an. Dans un entretien accordé à Feat-Y, l’entrepreneur explique pourquoi il a choisi cette stratégie d’entreprise dans de la mode éco-responsable et sur les perspectives d’avenir de la marque, en dépit du contexte de confinement. Interview.
collant estampille

Feat-Y : D’où vous est venue l’idée de lancer Estampille ?

Alexandre Lucas : L’idée est venue pendant mes études puisque j’ai fait des études dans la conception de produits textiles dans le domaine du sport. J’ai appris comment un produit textile était conçu, de la culture de la matière première jusqu’à la confection d’un vêtement, en voyant des solutions qui sont plutôt néfastes pour l’environnement, mais aussi des alternatives qui étaient très peu utilisées il y a quelques années. J’ai émis l’idée, un peu comme une blague, à des amis, de créer une marque de chaussettes pour montrer qu’il était possible de changer l’industrie textile, même en portant des chaussettes. Suite à ça, j’ai intégré Pépite, qui est un incubateur pour étudiants ou jeunes diplômés.

Feat-Y : Quels genres de matériaux utilisez-vous pour la fabrication de vos chaussettes, socquettes et collants ?

A.L : Pour les chaussettes, c’est du coton recyclé. Le recyclage se fait en Espagne. Le coton provient d’anciens vêtements, et pour avoir un fil durable dans le temps, on rajoute du polyester recyclé, qui provient de bouteilles en plastique, pour former un fil 100% recyclé et durable. Ensuite, ce fil est envoyé à côté de Limoges, dans l’usine Broussaud, qui tricote les chaussettes. Pour les collants, on utilise principalement du nylon recyclé, broyé pour reformer du fil. Ceux-là sont tricotés dans le Sud de la France, à Saint-Bauzille-de-Putois, près de Montpellier.

Feat-Y : Vous recyclez les déchets textiles en Espagne et vous produisez ensuite en France. Comment avez-vous orienté vos choix de sourcing et de façonnage ?

A.L : Le choix du made in France était très important pour nous. Mais malheureusement, quand on a lancé les chaussettes, il n’y avait pas d’usine de recyclage, du moins pour le coton, en France. C’est pour ça qu’on s’est tourné vers l’Espagne, mais ce n’est pas déconnant puisque l’Espagne est quand même assez proche de la France, notamment assez proche de l’usine de production. Ce n’est pas un frein, pour nous, d’aller en Espagne, même si ça aurait été mieux d’avoir un produit 100% français.

chaussettes Estampille

Feat-Y : Sur votre site, vous indiquez qu’une paire de chaussettes de votre marque nécessite « moins de 5 litres d’eau » dans sa fabrication, contre 500 litres d’eau pour une paire de chaussettes classique. Comment parvenez-vous à une telle performance ?

A.L : Tout simplement en prenant de la matière existante, parce que le coton est présent dans tous nos vêtements, mais la culture du coton est très énergivore, notamment pour l’eau. Il faut plus de 5.000 litres d’eau en moyenne pour un kilo de coton. Il faut ensuite le retravailler. Ce qui nécessite encore de l’eau. Et nous, en prenant d’anciens vêtements, on balaie cette étape qui est très énergivore pour l’environnement. Donc, on économise beaucoup d’eau. Certes, il faut un peu d’eau pour la production du fil, du nettoyage du fil, etc. Mais on n’a pas besoin de cultiver à nouveau le coton. C’est pour ça qu’on utilise moins de cinq litres d’eau.

Feat-Y : Était-ce une nécessité d’orienter votre marque vers des produits éco-responsables ?

A.L : Oui, car c’est en cela que nous existons. C’est pour montrer qu’une autre mode est possible.

Feat-Y : Au niveau des ventes, jusqu’à présent, la France représente quel pourcentage de votre chiffre d’affaires et dans quelle mesure le confinement actuel change la donne pour votre marque ?

A.L : On reste un très petit acteur dans le monde de la mode, au niveau de la France. On a lancé la marque en novembre 2019 et la livraison des premières chaussettes en février 2020. Nous avons subi le premier confinement avec la fermeture des usines, nous n’avons pas pu développer l’entreprise comme nous l’avons voulu. Mais depuis septembre on ressent la monté en puissance d’Estampille et l’engouement et la volonté de mieux consommer. Malgré le second confinement on avance !

Feat-Y : Si vous étiez un vêtement, lequel seriez-vous ?

A.L : Je suis obligé de dire des chaussettes (rires) ! Parce que les chaussettes sont un produit pas très visible mais qui peuvent avoir un fort impact. Un impact positif sur l’environnement mais aussi sur le style en choisissant les bonnes chaussettes.

collant Estampille

Feat-Y : Si vous étiez une œuvre d’art, laquelle seriez-vous ?

A.L : C’est une œuvre d’art mais aussi un monument. Je pense à la Tour Eiffel, parce qu’on l’admire du bas mais elle permet aussi d’admirer tout Paris.

Feat-Y : Si vous étiez un personnage inspirant, ce serait qui ?

A.L : Je pense que ce serait Will Smith car c’est une personne très inspirante, qui dit que tout le monde peut réaliser ce qu’il veut entreprendre avec du travail, de la confiance en soi, de l’acharnement, de la détermination. Lorsqu’on entreprend, il faut beaucoup de détermination.

Feat-Y : Si vous étiez une des matières que vous recyclez pour votre gamme de produits, ce serait laquelle ?

A.L : Bonne question. Je dirais le nylon recyclé parce que je tiens chaud les jambes des femmes l’hiver.

Propos recueillis par Jonathan BAUDOIN

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