Chez Feat-Y, on ne sait toujours pas qui est arrivé en premier entre l’œuf et la poule. Cependant, nous sommes très sensibles au bien-être animal. Voilà pourquoi nous vous présentons Poulehouse, un nouveau mode de production d’œufs inédit en France : grâce à la bienveillance de ses fondateurs, Fabien Sauleman, Sébastien Neusch et Élodie Pellegrain, les poules peuvent écouler sereinement de vieux jours. Depuis la création de Poulehouse en 2017, 75 000 poules pondeuses ont été sauvées de l’abattage, et 10 millions d’œufs ont été vendus ! Fabien Sauleman nous en dit plus.

Feat-Y : Comment a débuté l’aventure Poulehouse ?

Fabien Sauleman : Au départ, rien ne me prédestinait au monde de l’agroalimentaire, puisque je créais des applications mobiles. Ma réflexion a commencé en 2016. À l’époque, j’étais déjà végétarien et conscient de la souffrance animale. Ce sont les chiffres liés à la production d’œufs qui m’ont interpellé : chaque année, 100 millions de poules sont tuées avant leurs 18 mois, parce qu’elles ne sont plus considérées comme étant aussi productives qu’au tout début de leur vie. Or, elles sont encore très jeunes et continuent de pondre des œufs tout au long de leur vie. Qui plus est, une poule peut vivre jusqu’à 10 ans !

De même, près de 50 millions de poussins mâles sont broyés ou gazés dès leur naissance, car considérés inutiles aux filières œuf et viande. Sans oublier les 30 millions de poules élevées en batterie… On a souvent entendu qu’il était impossible de sortir les poules de leurs cages. Des élevages tendent pourtant à s’en détacher aujourd’hui, mais ce n’est pas toujours pas assez.

Feat-Y : Ce sont pour toutes ces raisons que vous avez souhaité agir en créant un nouveau mode de production. En quoi consiste-t-il ?

F.S. : Poulehouse s’adresse aux éleveurs et leur propose une rémunération supérieure à celle du marché, s’ils s’engagent à ne pas vouer leurs poules pondeuses à un abattage prématuré. Une fois que le contrat est signé par les deux parties, nous avons le choix entre trois solutions pour permettre aux poules d’écouler de vieux jours heureux. Tout d’abord, elles peuvent être envoyées à « La Maison des Poules », une ferme-pilote conçue par Poulehouse dans le Limousin. L’éleveur initial peut également les garder avec lui, ou bien elles peuvent être envoyées chez un éleveur « spécialisé poules âgées » jusqu’à leur mort naturelle. Par ailleurs, nous pourrions prochainement créer une deuxième ferme en Bretagne. Poulehouse, c’est aussi une marque : les œufs issus de cette démarche éthique sont vendus par boîte de six, bio ou de plein air.  

Feat-Y : En parallèle, vous agissez également pour que les poussins mâles ne soient pas tués.

F.S. : Nous travaillons en effet avec la start-up allemande Seleggt, qui depuis 2019, met au point une technique de « sexage in ovo ». Cela permet de détecter le sexe de l’embryon dans l’œuf au 9ème jour de couvage. Le but est de ne couver que les poussins femelles. Il faut avant tout savoir qu’une étude du comité scientifique Bundestag a démontré que l’embryon n’est capable d’interpréter la douleur qu’après le 13ème de couvaison. Cette technique est donc sans souffrance !

Au 9ème jour de couvaison, les œufs sortent de l’incubateur. Un bras robotisé pointe un laser sur la coquille de l’œuf fécondé, afin d’y percer un trou de 0,3 mm de diamètre. Une goutte de liquide allantoïde y est alors aspirée avec une pipette. Une goutte de réactif est ajoutée à cet échantillon pour connaître le sexe du poussin. Si le liquide change de couleur, cela signifie que le poussin est bien une femelle. 

La membrane de l’œuf se reconstitue d’elle-même en quelques heures. Lorsqu’ils sont repérés, les œufs mâles sont revalorisés en matière première à haute valeur protéique. Quant aux œufs femelles, ils sont replacés sous incubateur et éclosent au 21ème jour. Les poussins femelles partent alors pour les élevages Poulehouse. Les œufs des poules issues de cette technique sont ensuite estampillés « Respeggt ».

Une fois commercialisées, les boîtes Poulehouse sont distribuées en France et portent un sticker jaune, où est inscrit « sans tuer de poussins mâles ». Fin 2020, plus de 15 000 poules Poulehouse étaient déjà issues de cette méthode ! D’ailleurs, depuis février 2020, nous nous sommes engagés à ce que l’ensemble de nos éleveurs partenaires soient issus de cette technique de sélection.

Feat-Y : Vous sensibilisez aussi les particuliers-consommateurs en leur proposant d’adopter directement des poules. Comment est-ce que ça se passe ?

F.S. : Nous avons lancé la plateforme « adopte1poule.fr » depuis juin 2020 ! Elle met en lien des particuliers et des éleveurs pour adopter une poule initialement destinée à l’abattoir. Rappelons qu’en plus de donner des œufs, les poules peuvent labourer vos terrains mais aussi produire des bons fertilisants naturels grâce à leurs fientes. Attention, cependant : les poules à adopter ne sont pas issues de Poulehouse, puisque celles-ci ne partent jamais à l’abattoir.

Si le particulier est intéressé par une adoption, la démarche est simple. Il suffit de réserver et de régler le nombre de poules souhaité, de sélectionner la date et l’horaire de rendez-vous à la ferme, puis d’aller les chercher. Depuis le début des confinements, entre 4 000 et 5 000 poules ont déjà été adoptées !

Feat-Y : Depuis quelques temps, le bien-être animal a sa place dans l’actualité, avec les vidéos de l’association L24, et plus récemment avec l’interdiction à venir des animaux de cirque. Pensez-vous qu’assez d’actions sont prises ?

F.S. : Ce sujet prend de l’ampleur ! Il y a une prise de conscience de l’opinion, qui passe par de la bonne information et de la pédagogie. La force d’associations comme L214 est en effet de mettre au grand jour des faits qui ne sont pas connus. Le questionnement nourrit le changement ! Les consommateurs se demandent de plus en plus d’où vient ce qui se trouve dans leur assiette, et dans quelles conditions le produit a été fabriqué, ce qui, pour moi, prouve que le travail de sensibilisation est bien entamé.

Côté politique, des avancées ont été faites pour les animaux domestiques, mais on a l’impression qu’il existe encore des animaux de seconde classe.

Feat-Y : Qu’espérez-vous pour Poulehouse d’ici les prochains mois ?

F.S. : On voudrait que chaque consommateur puisse trouver des œufs issus de Poulehouse à proximité de chez lui ! Voilà pourquoi nous souhaitons nous développer dans d’autres enseignes. Aujourd’hui, les œufs Poulehouse peuvent se trouver dans les rayons de Carrefour ou encore d’Intermarché. En parallèle, nous espérons également travailler avec des marques pour créer de nouveaux produits. Ils représentent 40 % de notre production ! Le dernier en date est notre fondant au chocolat « qui ne tue pas la poule », en partenariat avec Franprix.

Propos recueillis par Mélanie Domergue

Infos :

Site internet : https://www.poulehouse.fr/

Pour adopter une poule : https://adopte1poule.fr/

Page Facebook : https://www.facebook.com/poulehouseofficiel

Compte Instagram : https://www.instagram.com/poulehouse/