Il a sillonné le monde à l’instar d’un compagnon du devoir pour acquérir la maîtrise de son art. Le Maestro Lionel Bringuier est de retour dans sa ville natale : Nice où, à tout juste, 34 ans,  il dirige l’orchestre de l’Opéra.

Sa biographie officielle précise que rien ne le destinait à devenir un musicien à la renommée internationale. Pourtant, dès son plus jeune âge, ses parents lui font partager leur passion pour la musique classique, mais aussi à toute la fratrie, puisque Caroline, Isabelle et Nicolas deviendront tous concertistes.

Très vite Lionel comprend que la musique est non seulement un don des dieux, mais aussi un sacerdoce, une histoire d’amour qui ne souffre pas la médiocrité. Travail acharné et passion  vont lui permettre en quelques années de se hisser au plus niveau et de diriger les plus grands orchestres.

Méditation et résolution au dessus d’une fosse d’orchestre

Comme Obelix tombé dans la marmite, Lionel Bringuier est tombé très tôt, sous le charme de la direction d’orchestre : « Lorsque mes parents m’emmenaient à l’Opéra, je m’éclipsais pour me placer juste au-dessus de la fosse d’orchestre », là se dégage toute l’énergie et la force des sonorités. Mais ce qui le séduit, c’est la symbiose parfaite qui émane des musiciens « tous semblaient parfaitement dans leur élément ». Cette harmonie parfaite le convainc, alors  que la direction d’orchestre est bien sa voie. 

Lionel enchaîne les prix de conservatoire ; rentré dès l’âge de 5 ans au Lionel au Conservatoire à rayonnement régional de Nice, il y remporte cinq premiers prix, de violoncellepiano, musique de chambre, culture musicale, formation musicale, ainsi que le diplôme d’études musicales de violoncelle qui lui est décerné à l’unanimité.  À 13 ans, il est reçu au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, et c’est un an plus tard qu’il a rendez-vous avec son destin.

« Parallèlement à mes études, j’avais suivi une initiation à la direction d’orchestre, et puis encore étudiant j’ai dirigé mon premier orchestre. Tous les musiciens étaient plus expérimentés que moi, mais passées les premières mesures, j’ai été comblé». 

Une expérience merveilleuse grâce à laquelle, il comprend que les musiciens n’ont pas fait cas de son jeune âge  « du moment que l’on connaît sa partition sur le bout des doigts, que l’on ait 14 ans, 50 ans ou 80 ans, cela est la même chose, cela leur est égal. Les musiciens ont besoin d’avoir face à eux un chef avec lesquels ils partagent quelque chose de nouveau ».

Ce qu’il retient dès lors, c’est qu’il va  lui falloir engranger des heures et des heures de travail pour atteindre la perfection, car les musiciens connaissent les œuvres par cœur et un chef d’orchestre,  pour imposer son autorité, doit être maître de l’œuvre  qu’il dirige et être capable d’en proposer une interprétation qui lui est personnelle.

Image Lionel Bringuier

L’autorité du chef, un songe…..

Ce qui va le propulser dans une carrière internationale, c’est la finale du 49e concours international de jeunes chefs d’orchestre de Besançon qu’il remporte en 2005. 

Il passe avec succès les premières épreuves en dépit d’une concurrence très rude, car 220 chefs d’orchestre de 42 pays ont été auditionnés lors de présélections en Russie, en Chine, aux États-Unis et en France. 

Après ces premières épreuves, 20 candidats de 13 pays se présentent aux éliminatoires. Pour la finale, les deux jeunes chefs en lice sont jugés sur leur façon de diriger La Valse de Ravel, les Variations sur un thème rococo de Tchaïkovski et Gloria de Philippe Fénelon

Un an plus tard, le compositeur et chef d’orchestre finlandais,  Esa-Pekka Salonen le nomme chef assistant de l’orchestre de Los Angeles. Un temps d’apprentissage, où Lionel Bringuier  travaille ses partitions, forge son style qu’il assimile à la fameuse autorité que l’on attribue aux chefs d’orchestres «  on a tendance à associer autorité et tyrannie , je donne une autre définition à l’autorité du chef d’orchestre, qui résulte de sa capacité à faire passer un message aux musiciens, à être suffisamment didactique pour leur permettre d’entrer dans l’univers du chef d’orchestre ». Une aura en somme que tout grand maestro possède, et Lionel le souligne : « de cette fusion avec les musiciens résulte une grande amitié, c’est toujours avec plaisir que retrouve les musiciens des orchestres qui me font le plaisir de m’inviter ».

Gustavo Dudamel : un exemple 

 Avec l’arrivée de Gustavo Dudamel, à la tête de l’orchestre de Los Angeles, Lionel devient deuxième chef d’orchestre, pendant plus de trois ans, les deux hommes vont apprendre à se connaître et à s’apprécier : « lorsque Gustavo est arrivé en 2009, j’ai pu lui apporter ma connaissance de l’orchestre. Je répétais  les œuvres qu’il interprétait.  A  son contact, j’ai beaucoup appris. Sa force de travail m’a énormément aidé, et il a été un très bon exemple pour moi ». 

Les deux hommes ont un  rapport excellent et nous continuons en entretenir une grande amitié. 

Depuis lors, Lionel est invité par de nombreux orchestres nationaux, au mois de février 2021 il a passé deux semaines avec l’orchestre national de Pologne, avec lequel il a interprété une œuvre de Brahms, Poulenc et l’oiseau de Feu de Stravinsky. Au mois de juin 2021, il retrouvera  à Nice, Gautier Capuçon pour  « l’orchestre à l’école » en collaboration avec l’Opéra. Une opération pour initier les plus jeunes à la musique classique. Un projet qui lui tient particulièrement à cœur, car grâce au « Sistema » projet éducatif et social, Gustavo Dudamel a pu apprendre la musique et le violon grâce au programme.   Gageons que « l’orchestre à l’école » permettra de révéler les talents de demain. 

Lea Raso Della Volta