Corinne Dupasquier Zizzari et sa fille Cécile ont créé, il y a deux ans, une start-up spécialisée dans le recrutement des femmes dans le  domaine de la High-Tech. 

Les chiffres sont éloquents, 59 % sont des étudiantes, mais seulement 17 % parviennent à occuper des postes-clés. Les statistiques, toutes filières confondues traduisent les difficultés rencontrées par les femmes qui peinent à s’imposer en un milieu professionnel presque exclusivement masculin et plus encore dans les métiers de la haute technologie. 

Ces difficultés, Cécile Zizzari les a ressenties au quotidien. Après des études universitaires  en Sciences politiques et sociales, à Vancouver au Canada, elle intègre une agence en recrutement, mais elle ne tarde pas à éprouver un certain malaise face aux discriminations conscientes et inconscientes dont sont victimes les femmes,  qui même à capacités égales avec celles de leurs homologues masculins peinent à trouver un emploi à la hauteur de leurs compétences.

Corinne et Cécile Zizzari

Victress une évidence

Dès lors sa décision est prise, elle n’a qu’une idée en tête, revenir en Europe pour créer sa start-up spécialisée dans le recrutement féminin à laquelle elle donne le nom anglais de « Victress » ou Victorieuse.  

« Nous avons décidé d’avoir une démarche militante en nous attaquant à la discrimination dans le travail des femmes. Tout est fait ou presque pour les évincer. La manière dont sont libellées les offres d’emploi, le vocabulaire employé est rébarbatif et ne les incitent pas à postuler »

Elle dénonce  une industrie technologique compacte, trop homogène, qui confine à l’entre-soi : « à force de fermer la porte aux femmes, l’univers Hi-tech tourne en boucle faute, de sang neuf, il tourne le dos à l’innovation en se privant du regard et des compétences féminines ». 

Et en deux années d’existence, leur petite musique commence à être entendue par les chefs d’entreprises, mais également les femmes elles-mêmes qui reprennent confiance en elles.

« Un recrutement à l’envers »

Pour faire connaître leur start-up, Corinne et Cécile ont fait du sourcing, mais petit à petit le bouche à oreille fonctionnant, elles ont acquis une renommée, et actuellement ce sont entre 1500 et  2000 professionnelles des NTC qui ont pu bénéficier de leur réseau de connaissances.

L’originalité de leur démarche réside dans ce qu’elle appelle le « recrutement à l’envers », à  partir des aspirations des femmes elles-mêmes, de leurs recherches, de leurs aspirations et non plus du strict point de vue du recruteur.

Et les entrepreneurs sont séduits : « nous nous attendions au départ à devoir convaincre  et devoir nous lancer dans de grands débats philosophiques. Mais cela n’a pas été le cas, notre démarche a été particulièrement bien accueillie. Nous avons un client en Suisse, qui a prévu de recruter hommes et femmes à part égale », mais Cécile précise « il ne s’agit pas d’une politique de discrimination positive, mais bien de reconnaissance de qualités et de compétences réelles, dont les femmes peuvent se prévaloir. »

Car Corinne et Cécile qui examinent les motivations et testent les compétences de ces professionnelles avant même de proposer leur candidature, constatent leur haut niveau de qualification. Aussi, leur ambition est de rendre à ces femmes, qui pendant la Seconde Guerre mondiale  déchiffraient les codes ennemis, et dont le savoir-faire était très recherché par l’armée et les services secrets, leur rôle d’expertes.

Lea Raso Della Volta

Infos: https://www.victressrecruitment.com/