Deza Nguembock : « Ce qu’il faut se dire en premier lieu c’est que lorsqu’on parle de handicap, on parle de l’humain »

La question du handicap dans le monde travail reste marginale, en dépit de l’instauration d’un quota de 6% minimum de salariés handicapés dans une société. Mais selon Deza Nugembock, fondatrice de l’agence E&H LAB et elle-même travailleuse handicapée, cela reste largement insuffisant parce que ce ne serait pas pris par le bon bout, notamment sur la question de l’intégration dans l’entreprise, de l’évolution de carrière. Néanmoins, des efforts sont faits vers une stratégie d’entreprise plus inclusive, et Deza Nguembock l’observe à travers des partenariats développés auprès de plusieurs entreprises ces dernières années. Interview.

Feat-Y : Quand avez-vous fondé E&H LAB et dans quel but ?

Deza Nguembock : J’ai fondé E&H LAB en 2011. La mission de mon agence dès l’origine est de faire évoluer les perceptions sur la différence. Quand je parle de différence, je pars du principe que l’humanité est faite de différences et que celles-ci constituent la richesse de nos sociétés. La différence qui peut être flagrante immédiatement c’est la couleur. Mais, ça peut être aussi le handicap pour ceux des handicaps visibles. J’ai commencé par traiter le handicap chez E&H LAB pour permettre à la société d’évoluer sur ce sujet et de faire des différences un sujet de rapprochement car derrière les différences, il y a des êtres humains. Et la somme de ces différences, de cette diversité créée de la richesse qui est essentielle à la survie de notre humanité. 

Feat-Y : Avant d’avoir fondé E&H LAB, quelles ont été vos précédentes expériences et comment se sont-elles passées par rapport à la question du handicap ?

D.N : Quand j’ai fini mes études, j’ai commencé à chercher du travail et je mettais spontanément sur mon CV la mention de travailleur handicapé. Et pendant plusieurs mois, il ne se passait rien. Et le jour où j’ai décidé d’enlever cette mention de travailleur handicapé, mon téléphone n’a pas arrêté de sonner. Pour moi, c’est la prise de conscience que le handicap est un problème dans la société ! Heureusement, ou malheureusement, j’ai été dans une agence marketing qui m’avait recruté en CDD. La question du handicap a été évoquée lors de cet entretien d’embauche. La personne qui m’a recrutée avait un état d’esprit très ouvert sur ces questions-là. Elle avait fait le même parcours académique que moi. Elle n’avait pas été diplômée comme moi. Et elle m’a dit « je ne comprends pas pourquoi on ne vous prendrait pas ». Elle m’a donné la chance de commencer mon premier job en tant que jeune diplômée. Tout s’est bien passé. Si bien même que le directeur, avec qui je travaillais, m’a proposé un CDI. Malheureusement ou heureusement, ça dépend comment on veut voir les choses, ça n’a pas pu se faire. Mais j’ai vu en cette discrimination une opportunité car si cela n’était pas arrivé, je serais probablement encore en train de travailler pour le compte d’une autre société. Je n’aurais peut-être pas eu l’audace d’aller développer des choses qui sont beaucoup plus grandes, plus importantes pour la société. Donc, ce poste en CDI n’a pas eu lieu, car le jour où je devais commencer, j’ai reçu un coup de fil m’indiquant qu’il y avait une erreur, que ce poste n’aurait jamais dû m’être proposer. C’était ma première expérience dans le monde du travail en France. Et l’issue de cette expérience m’a dégoutée de la recherche d’emplois. J’ai pris conscience du cynisme dans cette société. J’ai commencé alors à entreprendre des choses pour moi-même. D’abord, j’ai créé une association artistique, où j’ai développé pas mal de projets. Et de fil en aiguille, les gens qui venaient à mes évènements, s’intéressaient à ce que je faisais, puis très surpris que ce soit une personne handicapée qui arrive à faire ce que je faisais. Puis, une entreprise est venue en 2008 me rechercher pour me recruter. Habituellement, ce sont les candidats qui vont vers les entreprises, et là, c’est l’entreprise qui est venue à moi. Encore une fois, la question du handicap a été mise sur la table. Je leur ai demandé pourquoi ils voulaient me recruter. À l’époque, la loi sur les quotas d’emploi des personnes handicapées était passée. Je leur ai demandé, les yeux dans les yeux, « Est-ce que vous voulez faire des quotas ? Pourquoi vous venez à moi ? » Ils m’ont répondu que non, que c’était pour mes talents qu’ils pouvaient voir sur les projets que je portais. J’ai été dans cette entreprise trois ans et demi. Et il s’avère que j’ai trouvé des limites dans mon épanouissement dans cette entreprise ; j’ai réalisé que l’intégration de personnes qualifiées de travailleurs handicapés méritait d’être repensée et accompagnée. Au regard mes ambitions par rapport à mes compétences, j’ai eu le sentiment que le plafond de verre n’était pas loin. Et bien que je fusse employée dans un poste d’assimilée cadre en CDI dans l’un des groupes les plus importants de communication en France, j’ai décidé de le rompre ce contrat et partir pour voler de mes propres ailes. C’est ce qui m’a amenée à créer mon agence. Une dizaine de jours après ma rupture de contrat, mon entreprise E&H LAB a vu le jour.  

Feat-Y : Estimez-vous qu’il y ait eu une meilleure prise en considération du handicap dans le monde du travail, ces dernières années ? 

D.N : Je trouve que c’est biaisé. Je trouve qu’on ne prend pas les choses convenablement, qu’on ne prend pas les choses par le bon bout, qu’on ne prend pas les choses comme on devrait les prendre. Si bien qu’à mon sens, les choses n’évoluent pas correctement. Je vais être un peu plus précise. Ce n’est pas parce qu’on parle beaucoup plus de handicap qu’on fait concrètement avancer les choses. Oui, le sujet du handicap est devenu tendance, on en parle sur quasiment tous les plateaux, toutes les entreprises sont invitées et incitées à faire des actions sur le handicap. Certaines entreprises se mettent donc en mouvement. Mais ce que beaucoup font est vide de sens ! Je pèse mes mots lorsque je l’affirme. Mais attention, toutes les entreprises ne sont pas logées à la même enseigne. Certaines sont de bons élèves et agissent efficacement et durablement pour réussir leur politique d’inclusion. Mais dans la plupart des entreprises, les actions mises en place ne font l’objet d’aucune stratégie ni plan d’action si ce n’est de faire des actions ponctuelles sans aucun impact. La question du handicap reste toujours une question très taboue, mal gérée parce que mal appréhendée, mal accompagnée. Le fait de recruter une personne handicapée ne suffit pas et malheureusement, beaucoup d’entreprises se limitent à leur « quota de salariés handicapées ». Déjà, je souhaite rappeler que la loi parle d’un minimum de 6%, mais cela ne veut pas dire qu’il faut en rester à 6%. Le processus du recrutement commence bien en amont ; il peut y avoir une nécessité de faire une adéquation entre les postes à pourvoir et les différents types de handicap ; ce travail amène la réflexion sur les types d’aménagement nécessaires. Une fois le salarié handicapé recruté, il y a une nécessité d’accompagner son intégration effective et plusieurs outils existent à cet effet ; son maintien dans l’emploi et son évolution de carrière vont être tout aussi importants que son recrutement. Hélas, cette question du plan de carrière pour des handicapés, à mon sens, n’est quasiment jamais abordée par 80%, voire 90% des entreprises. Mon point de vue est par conséquent qu’il reste beaucoup de travail concret à faire. Il y a beaucoup de communication autour du handicap, et très peu d’actions concrètes qui peuvent changer durablement l’employabilité des personnes handicapées. Il faut combattre les préjugés qui ont la peau dure. Lorsqu’on embauche des personnes handicapées, elles peuvent ne pas être dans une situation de handicap devant leur poste de travail. À titre d’exemple, personnellement, j’ai un handicap physique. Si je suis dans une situation professionnelle, assise devant mon poste de travail, je dirais n’avoir aucun handicap. Le handicap va être par rapport à ma mobilité, mais par rapport à mon travail. Il faut qu’on arrive à comprendre ces mécanismes pour comprendre aussi comment accompagner le travail de ces personnes.

Feat-Y : Au-delà de la question du handicap, est-ce que la Responsabilité sociale des entreprises est davantage respectée par ces dernières ?

D.N : Pour éviter de généraliser les choses, je ne mettrais pas toutes les entreprises dans le même panier. Une vraie réponse nécessiterait par contre de s’appuyer sur de vraies études pour pouvoir dire précisément en quoi telles entreprises sont en conformité avec le cadre qui leur est imposé ou celui qu’elles ont défini elles-mêmes. Je n’ai pas envie de prendre des raccourcis et faire une réponse bateau car chaque entreprise fixe son cap et aujourd’hui avec la loi PACTE et la raison d’être, il sera plus aisé de suivre les engagements pris et affichés par les entreprises et de voir au niveau de leurs résultats, impact si elles performent. Aujourd’hui en regardant les rapports annuels, rapports RSE, les retours clients, on peut bien effectivement avoir une idée sur celles des entreprises dont les actions sont alignées avec leur raison d’être ; mais, on voit bien aussi que d’autres surfent juste sur une tendance avec des actions ne s’inscrivant dans un plan stratégique. Pour moi, la question de l’impact est tout à fait centrale car les entreprises doivent se demander quel est l’impact qu’elles font vis-à-vis de la société, sur tel ou tel volet qu’elles ont choisi d’aborder dans leur stratégie RSE ?

Feat-Y : Avez-vous développé des partenariats avec des entreprises ou des administrations pour l’accès au travail de personnes handicapées, avec votre agence, ces dernières années ?

D.N : La société inclusive dépasse le seul cadre de l’accès au travail des personnes handicapées. L’agence E&H LAB aborde la question de l’employabilité des personnes handicapées de manière systémique autrement dit très en amont et en avant du recrutement, de la cité vers les entreprises. En amont de l’accès à l’emploi, il y a la personne dans son environnement social avec divers sujets dont son épanouissement, son acception par lui-même et par les autres. Ce volet inclusion sociale est traité dans la branche intérêt général de E&H LAB à travers ses campagnes citoyennes audacieuses dont l’objectif est de faire évoluer les perceptions du handicap. Et c’est précisément dans ce type de projets que E&H LAB développe des partenariats pour permettre la réalisation et la promotion de ses campagnes qui sont destinées au grand public et déployées dans des lieux publics à l’échelle internationale. Ces campagnes citoyennes ont vocation à faciliter l’inclusions sociale et à donner le pouvoir d’agir aux personnes handicapées. Nos partenaires apportent pour certains un appui financier, pour d’autres un appui opérationnel et tous contribuent à notre idéal d’une société plus juste et plus équitable. 

En aval du recrutement d’un salarié handicapé, il y a tout un parcours d’accompagnement pour sensibiliser le collectif de travail, aménager le poste si nécessaire, éviter la désinsertion professionnelle, permettre le maintien en emploi et l’évolution de carrière. Ce volet entreprise n’a pas vocation à faire des partenariats dans le sens premier du terme. Mais chez E&H LAB, nous considérons comme partenaires des entreprises avec lesquelles nous travaillons main dans la main et dans la durée pour s’accompagner mutuellement. Nous intervenons par conséquent sur les demandes spécifiques de nos clients et en nous appuyant sur nos pôles conseil, communication ou évènementiel.

Feat-Y : Est-ce que la crise liée au Coronavirus pourrait être une opportunité pour des entreprises de se montrer plus inclusives ? Si oui, sous quelles conditions, selon vous ?

D.N : Ce qu’il faut se dire en premier lieu c’est que lorsqu’on parle de handicap, on parle de l’humain. Ce que l’on fait pour une personne handicapée, est forcément bénéfique pour l’ensemble de la société. Ensuite, il faut voir en chaque crise une aubaine. La crise du Coronavirus précisément est une vraie opportunité au-delà même de la question de l’inclusion. Cela a été une opportunité pour la société dans son ensemble de prendre un vrai recul pendant plusieurs mois pour se regarder dans le miroir, le miroir de la société et de prendre des décisions, peut-être, pour le monde d’après comme certains se plaisent à qualifier le monde post-covid19. Et moi je dirais que c’est une opportunité pour toutes les entreprises qui ont une volonté d’agir pour de vrai efficacement et durablement sur l’inclusion. Pour cela, une petite dose d’audace est nécessaire ainsi qu’une ouverture d’esprit et des collaborations win-win. Je ne vois pas comment on peut faire autrement. J’invite les entreprises à se poser les bonnes questions pour éviter de retomber dans les mêmes travers ou de gaspiller des ressources sans tenir compte de l’impact qu’elles génèrent ou pas. Il faudrait qu’elles pensent objectifs, stratégie, plan d’actions, moyen ou long terme et qu’elles arrêtent de faire du ponctuel pour faire, sans une empreinte. Mieux ne rien faire que faire pour faire. Le monde d’aujourd’hui, comme j’aime à l’appeler, ne sera pas dupe.
Avec le coronavirus, tout le monde a vu la peur grandir à un niveau exponentiel. Mais, il faudrait arrêter d’avoir peur. C’est la peur qui tétanise souvent les gens et qui les enferme dans une façon de faire qui est dépassée. Il faut essayer de sortir de ses zones de confort. Le Coronavirus a montré aux gens que les acquis pouvaient être balayés en un temps record et on pouvait disparaître du jour au lendemain. Si on n’est plus là demain, qu’est-ce qu’on aura fait pour marquer les esprits pour cette société inclusive ? C’est important de se poser les questions. Et c’est ce qui devrait driver nos actions. 

Feat-Y : Si vous étiez un film, ce serait lequel ?

D.N : C’est une chouette question. Plein de films dans ma tête, The Color purple, Philadelphia, Joker… Et si je dois être honnête, j’ai regardé il n’y a pas très longtemps, le documentaire Becoming de Michelle Obama. Je crois que je m’arrêterais juste sur ce documentaire-là si je devais choisir un seul film. Il me parle au plus profond de moi. Il me motive ces jours-ci, surtout dans ce contexte de crise raciale dont les protestations se font entendre à l’échelle mondiale. La société a ses yeux rivés sur vous et peu importe là où vous êtes et ce que vous faites, l’exemplarité, la dignité et l’humilité doivent rester de mise. Quand je fais le parallèle avec Michelle Obama, ce qu’elle a dû vivre quand elle a débarqué avec son mari et sa petite famille à la Maison-Blanche, dans une société hostile aux noirs. Je fais un petit parallèle avec la situation du handicap, de l’inclusion dans la société dans laquelle on évolue. Ce n’est pas évident. Mais, il faut s’armer de patience, être persévérant et avoir une vision très claire qui permet de tenir le coup.

Feat-Y : Si vous étiez une chanson, laquelle seriez-vous ?

D.N : C’est très compliqué ! Il y a plein de chansons que j’adore. Quand je dors, parfois je fredonne dans ma tête, dans mon sommeil. Quand je me réveille, j’ai des airs qui passent et ce n’est pas la même chose tous les jours. Je dois dire que j’écoute beaucoup de jazz, de gospel aussi. Je chante beaucoup. En fonction de l’énergie qui m’habite, j’ai quelque chose de différent. Aujourd’hui, ça peut être « Armstrong je ne suis pas noir, je suis blanc de peau… », ou Ella Fitzgerald « dancing cheek to cheek » ou Mélody Gardot « I need a man who has no bagage to claim… » mais aussi des chansons camerounaises, parce que je viens du Cameroun. Ce matin, je n’ai pas fait ma routine matinale qui est de me réveiller en chantant. Si je ferme les yeux, je peux respirer un peu et me dire « What are you doing the rest of your life ? ». Ça peut être ça, par exemple. Ces chants qui m’accompagnent permettent d’orienter mon action immédiate. C’est la chanson qui me définit aujourd’hui. Ça ne veut pas dire que demain, ou ce soir, ce sera la même. J’écoute beaucoup les standards féminins aussi. Les femmes sont dans la résistance, de tous les temps en fait. Si on regarde un peu l’histoire des femmes dans nos sociétés, elles sont nombreuses dans la résistance, dans la construction de la société. Les femmes poussent à l’innovation. Quand je parle de femmes en Afrique, je pense à Miriam Makeba, notre « Mama Afrika » avec « Soweto blues » ou « Malcolm X » ; eh bien d’autres standards à l’époque de l’apartheid, elle a résisté pour l’égalité et la justice sociale. C’est le chant de résistance, mais aussi d’amour pour la vie, le respect de la vie. Finalement, tout est lié.

Feat-Y : Si vous étiez un personnage historique, ce serait qui ? Pourquoi ?

D.N : Il y a deux choses qui me viennent à l’esprit et j’aurais du mal à choisir. Je pense à la résistance, mais par des personnages masculins. Je pense à Shaka Zulu pour son côté guerrier, résistant et fin stratège. Par contre, j’aurais aimé rentrer parfois dans sa tête pour comprendre ce qui s’y passait à certains moments car il semait la terreur. Et quand il tuait, il n’y allait pas de mains mortes. Mais, j’imagine bien qu’on peut tous basculer et devenir fou devant un système maltraitant et hostile et là, je fais un clin d’œil à Arthur dans Joker. Et je crois bien que Shaka était devenu fou et son personnage me fascine. Et le 2ème personnage me conduit jusqu’aux États-Unis avec Kunta Kinté qui, malgré tout ce qu’il a subi, a tenu à garder un lien avec ses origines, l’Afrique, kamby bolongo, la rivière. Il a tout fait pour se souvenir de ce nom-là, ainsi que de son propre nom Kunta Kinté, même si ses bourreaux ont tout fait pour couper le cordon ombilical et laver sa mémoire de toutes traces qui aurait pu maintenir la flamme de l’homme qu’il était. Malgré toutes ces souffrances, Il a persévéré dans la résistance. Je ne peux pas faire de choix entre les deux, mais si je devais vraiment faire un choix, ce serait Kunta Kinté.

Feat-Y : Si vous étiez une couleur, ce serait laquelle ?

D.N : Tout est difficile pour moi. Je ne sais pas avoir un avis très tranché parce que je suis une personne assez fluctuante, même si, finalement, je suis assez fidèle dans certaines choses, dans mon engagement. Les couleurs me ramènent à l’énergie vitale. Quand je dis cela, il y en a plein qui rentrent dans mon champ de vision. Parce qu’elles ont des énergies différentes. Mais je veux dire aussi que toutes ces énergies sont importantes. On ne peut pas juste se concentrer sur une seule énergie. On va avoir la chaleur, on va avoir quelque chose de chaleureux, mais quelques fois aussi, c’est important d’avoir quelque chose de froid. Quand je dis froid, je vois le bleu, le noir. Quand je dis chaud, je vois le jaune, le jaune or, le rouge, qui symbolise aussi la passion. Et la passion est quelque chose d’important pour drainer toute l’énergie, toute l’action qu’on doit mener dans la vie. S’il n’y a pas cette passion pour drainer cette action, elle n’aura pas lieu ou n’aura pas d’impact. Je suis toujours portée sur l’impact. Là, je suis habillée en robe rouge mais j’ai pris à côté de moi une écharpe jaune. Là, je suis très chargée en énergie forte, en énergie dynamique. Mais il y a des moments où je suis en énergie plutôt calme. Et là, je vais plutôt vers le bleu. Après, la couleur par excellence, c’est le noir ! Le noir, c’est la couleur universelle. Si je dois faire un choix, ce serait plus le noir. Par contre, je ne suis pas d’avis de laisser qu’une seule couleur parce que je veux, encore une fois, fluctuer dans mes énergies. Le noir est quelque chose de très spirituel pour moi. C’est l’universel. C’est la chose qu’on ne questionne pas. C’est le rapport avec cette force surnaturelle, cette force suprême, la relation avec les ancêtres. Il y avait une poésie en Afrique, quand j’étais petite, qui disait : « Je remercie mon Dieu de m’avoir fait noire, d’avoir fait de moi la somme de toutes les couleurs ». Mais il faut laisser aussi s’exprimer les autres couleurs, qui sont essentielles à notre vie. On en revient à la diversité, au principe de cette expression diverse de chaque chose.

Feat-Y : Si vous étiez un animal, ce serait lequel ?

D.N : Je pense qu’il y a encore, là, des choses que je prendrais chez tel ou tel animal. Peut-être le lion. Un félin en tout cas. De lui, je prendrais l’audace, la prestance, l’élégance. Mais aussi le côté agressif. Parce que dans la vie, il faut avoir ces deux facettes à la fois : doux, élégant ; mais la niaque et la vivacité. Je crois qu’il faut à la fois un côté calme, très posé, et un côté agressif pour savoir se défendre sinon on se fait vite bouffer dans cette société. Je pense que les félins mélangent ce que je suis en train de décrire. Si je prends le lion, si je prends le tigre, je vais retrouver ce côté prestance, élégance. Quand il marche, c’est avec élégance, assurance. Mais quand il doit se défendre, il est prêt à sortir les griffes aussi.

Propos recueillis par Jonathan Baudoin*

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